Paroisse Saint-Philbert-en-Noirmoutier
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2 juin : la Kora

Homélie du dimanche

Bulletin Le Noroît

Agenda

28 mai, Pentecôte : deux traits distinctifs de l’Eglise et l’Esprit saint

Les apôtres ont une consigne : « ne pas rester à regarder le ciel », ils reçoivent une sorte de testament : « être les témoins de Jésus jusqu’aux extrémités de la terre ». Mais ils ne sont pas partis tout de suite. Ils avaient déjà commencé par se mettre à l’écoute de Jésus Ressuscité. Jésus parti, ils ont désiré reformer leur groupe. Ils n’étaient plus que Onze (vu la défection de Judas), ils en élisent un douzième. Le groupe reformé selon la volonté de Jésus, ils prennent de la force dans la prière. Pas tout seuls, mais avec eux la mère de Jésus et sa famille proche. Bref, avant de partir sur les routes du monde, ils prennent soin de méditer, d’intégrer deux traits distinctifs : 1) le groupe chrétien en dans la continuité de l’histoire de l’Alliance (12 comme les 12 tribus d’Israël) et 2) il se situe dans la continuité du Dieu incarné (la présence de la famille de chair).

Il y a eu, dans l’histoire, des chrétiens qui ont voulu nier leurs racines juives et, inconscients ou maladroits, ils ont fait le lit du racisme et de l’antisémitisme. Jésus, sa famille et ses apôtres, sont juifs.

Il y a eu dans l’histoire des chrétiens pour penser que l’important était de proclamer le « message » du Christ en mettant au second plan la vie de Jésus de Nazareth. Or, le message, c’est le messager. Les idées sont importantes, mais elles comptent moins que la personne de chair et de sang.

Le jour de la Pentecôte, Dieu a envoyé sur le groupe des apôtres ce qui n’appartient qu’à lui, son Esprit, pour que nous soyons fidèles à l’Alliance éternelle et nouvelle. Dieu envoie son Esprit saint, comme il l’avait envoyé sur Jésus lors du baptême dans le Jourdain, avant la prédication du Royaume. Dieu envoie son Esprit Saint sur les apôtres avant la prédication de l’Evangile jusqu’aux extrémités de la terre.

À chaque fois que nous fêtons la Pentecôte, nous fêtons notre identité : 1) peuple de l’Alliance éternelle, nous avons nos racines en Abraham, Moïse, David et les prophètes, 2) peuple de l’Alliance nouvelle, nous sommes enfants du Dieu incarné, à qui rien de ce qui est humain n’est étranger.

Toutes les nations présentes à Jérusalem sont les symboles de tous ceux et celles qui attendent, espèrent le Salut de Dieu, l’assurance de la fraternité retrouvée, puisque, par-delà la barrière des langues, des coutumes, des conditions sociales, nous n’avons qu’un seul Dieu et Père !

Ils sont nombreux, à l’extérieur de ces murs, à ne pas savoir trop ce qu’ils cherchent. Que l’Esprit saint aujourd’hui nous pousse au-dehors. Nous savons le bonheur qu’il y a à écouter les paroles de la vie et à recevoir le pain de la vie. Que l’Esprit saint nous fasse rentrer dans la grande histoire de l’Alliance éternelle et nouvelle !

Il n’y a plus à regarder le ciel : c’est la terre, le grand chantier du Royaume et de l’Evangile. Notre chance c’est d’avoir reçu la respiration même de Dieu. L’entendons-nous en nous, la respiration de Dieu, l’Esprit en nos corps ? (Gérard Billon)

 

21 mai, 7e dimanche de Pâques : Que l’Esprit de gloire repose sur nous !

« Si l’on vous insulte à cause du nom du Christ, heureux êtes-vous, puisque l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu, repose sur vous » dit la lettre de Pierre. Nous avons là une béatitude sur laquelle il ne faut pas se tromper. Que l’on se moque des chrétiens est une chose. Il y a parfois de mauvaises raisons et, parfois, de bonnes… De par le monde, les persécutions sont réelles. Chez nous, nous sommes toujours confrontés au même défi : notre manière d’annoncer et vivre l’Évangile est-elle bien évangélique ? Si oui, il y a bonheur car c’est le signe que l’Esprit de gloire repose sur nous. Alors le Christ est glorifié en nous. Encore faut-il laisser l’Esprit faire son œuvre…

La béatitude est en deux mouvements. Je commence par la fin : « l’Esprit de Dieu, repose sur vous ». Il repose sur chacun de nous en tant que membres de l’Église. Il repose sur l’Eglise entière. Il repose, mais il n’est pas lourd et il ne pèse pas. Fragile, on peut le balayer d’un revers de la main. Dans la mesure où nous le laissons nous inspirer, il accompagne notre marche dans une société qui parfois nous regarde de travers. On peut certes le comparer à un vent d’un beau jour. Je le considère ici plutôt comme un oiseau apprivoisé, colombe sur mon épaule… Surtout ne pas le chasser !

L’Esprit saint est un bel oiseau et il rend nos efforts plus légers. Parfois même, c’est lui qui, en nous, à notre oreille, murmure : il fait beau, si on sortait ? Si tu sortais de toi-même, si tu allais respirer dehors…

On sort, on s’intéresse aux autres, au paysage, à notre société prise entre la hausse des prix, l’éducation des enfants ou la guerre en Ukraine. On s’intéresse à la santé de l’Église, laquelle est plus ou moins malade. On redécouvre les réseaux sociaux, si importants aujourd’hui en particulier pour diffuser l’Évangile… L’Esprit de Dieu sautille sur l’épaule, prend son envol puis revient. Au bout d’un moment, nous revenons à la maison.

Comme après toute promenade qui nous a ouvert l’esprit – c’est le cas de le dire – nous revenons plus heureux, plus riches de visages, de questions, de décisions d’engagement. Et notre prière du soir sera fraternelle.

Il se peut aussi que nous revenions un peu tristes. Un peu ou beaucoup. Car, en chemin, on aura rencontré des difficultés. Souvenons-nous alors du début de la béatitude :  « Si l’on vous insulte à cause du nom du Christ… ». L’insulte peut certes venir de notre appartenance à l’Église. Mais parfois, elle est le retour de bâton de notre manière peu évangélique de regarder le monde, de l’analyser et de débattre. Nos convictions, nous sommes toujours tentés de les imposer. Notre volonté de pouvoir prend la place de l’Esprit saint.

Aujourd’hui, que notre intérêt pour le monde se glisse dans la bienveillance de Dieu ! Le Christ veut la liberté et le bonheur de tous. Il le voulait avant même la création du monde. Il le veut par nous, ses disciples qu’il a choisis, qu’il aime, qu’il envoie. Que nos convictions s’allègent, passent au feu de l’Évangile, de l’Évangile du crucifié.

Alors, si nous pensons recevoir injustement des coups et que nous laissons le pardon du crucifié parler en nous, heureux sommes-nous ! L’Esprit qui reposait sur Jésus calmera la blessure. C’est aussi pour cela que nous rendons grâce dans l’eucharistie. (Gérard Billon)

 

18 mai, Ascension du Seigneur : devenons des êtres ascensionnels

En cette fête d’Ascension, nous célébrons le passage de Jésus ressuscité de cette terre au ciel. Il passe de notre humanité à Dieu son Père. Il amène avec lui le poids de l’humanité, poids grave, léger, joyeux ou douloureux

Luc, dans les Actes des Apôtres, décrit une montée aux cieux. Mais Matthieu nous laisse avec Jésus est pour toujours. Son corps de chair est au ciel, mais son corps éternel est terre ! Son corps de chair ressuscité est auprès de Dieu : voilà le prix accordé à notre humanité. Mais son corps éternel qui parle, qui soutient, qui nourrit est avec nous : dans les Écritures, dans le pain eucharistique, dans notre assemblée diversifiée, dans la beauté de la création, dans nos semblables dans le besoin ! Pour croire qu’il à la fois au ciel avec son corps terrestre ressuscité, comme le dit Luc et sur terre avec son corps céleste, comme le dit Matthieu il nous faut bien l’Esprit saint !

Aujourd’hui, nous fêtons la réconciliation du ciel et de la terre, commencée dans la nuit de Noël quand les anges chantaient aux bergers…

Comme homme, Jésus se présente devant Dieu, maître de la création et de l’histoire, Père de tous les humains. Partageant sa gloire, il lui parle en notre faveur d’une part et, d’autre part, il continue à nous parler – dans l’Église avec un grand « E » parfois indigne, pécheresse et sauvée. Et nous le comprenons, grâce à l’Esprit saint qui est notre aide, notre soutien, notre défenseur.

Le départ du Christ est le commencement des chrétiens.

Les disciples vont s’en aller de par le monde avec « l’énergie, la force et la vigueur » comme l’a dit la deuxième lecture. Avec un petit handicap, quand même : ce tremblement qui ressemble à du doute – comme les disciples, juste avant de partir : si tout çà ce n’était pas réel ?

C’est réel. Je me répète. Son corps de chair est auprès de Dieu. Nos corps de chair sont maintenant prêts pour aimer, pour pardonner, pour résister au mépris, à l’envie de cogner, de haïr, de se venger ou de se calfeutrer parce que dehors, il fait sombre et froid – à cause d’autres humains, à cause de nous parfois, complices ou maladroits, il y a des cassures avec la création, avec nos frères et sœurs humains.

Jésus disparu à nos yeux, il nous reste à apprivoiser la vie avec ses paroles, paroles de la vie, avec son pain, pain de la vie. Grâce à l’Esprit saint qu’il nous envoie d’auprès de Dieu, il nous reste à devenir les témoins de l’espérance, de la lumière, de la bonté, de la beauté, par des mots et des gestes simples de bienveillance.  Que l’Esprit saint nous tire par le haut ! Qu’il nous aide à prendre de la hauteur !

Devenons, non pas des êtres non pas exceptionnels, mais des êtres ascensionnels ! Pour voir les choses de la terre à partir du ciel. Pour voir, dans les choses de la terre, l’éclat de la divinité ! Et, déjà, dans notre assemblée… (Gérard Billon)