Paroisse Saint-Philbert-en-Noirmoutier
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31 juillet : fête de Marie-Euphrasie Pelletier

À la paroisse, cette semaine…

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Homélie du dimanche

Bulletin Le Noroît

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16e dimanche : une recherche qui a du sens

Une chose étonne : alors que Jésus et les apôtres prennent une barque pour s’isoler un peu, les gens se précipitent et se trouvent à l’endroit en question AVANT Jésus et les apôtres. Je ne sais quel raccourci ils ont pris, mais ils ont du bien marcher… Cette notation étonnante de St Marc a pour but, me semble-t-il, de souligner la quête, la recherche des foules…

Jésus les voit comme des brebis à l’abandon, sans personne pour les nourrir, les protéger, les soigner, les guider. Comme beaucoup de gens, elles vont de ci de là à la recherche de quelque chose qu’elles n’ont pas trouvé mais dont elles devinent qu’avec Jésus, elles vont peut-être enfin la trouver : un sens à leur vie.

Les chemins sont divers : celui de la beauté, celui de la vérité, celui de la plénitude… Pour qui n’est ni artiste, ni philosophe, ni mystique, il y a parfois ce sentiment de grandeur qui nous étreint : il suffit d’un rien, une lumière du jour différente, un souffle frais, un visage éclairé, surtout s’il est aimé. Il suffit d’un rien. Maurice Zundel, sur lequel nous aurons une conférence lundi, disait qu’il ne fallait pas chercher loin. Dieu est en nous : « il y a en moi plus grand que moi ». Aussi, pourquoi chercher au-dehors ce qui est au-dedans ?

Mais chercher Dieu et chercher un sens à la vie, à sa vie, n’est pas tout-à-fait la même chose. La foule qui attend Jésus croit en Dieu. Pourquoi alors son inquiétude ? À quoi est due son insatisfaction ? Au manque de nourriture, de soin, de repères pour avancer. Jésus se met alors à les enseigner « longuement ». Il prend son temps. On ne réduit pas l’Évangile à une phrase. Nous n’aurons jamais fini d’être enseigné sur la beauté de Dieu, sur sa vérité, sur sa plénitude. À peine si nous pouvons contempler, à l’intérieur de nous-mêmes celui qui nous est plus intérieur que nous-mêmes.

Quelle a été la première encyclique du pape François, il y a plus de dix ans ? Cela concernait-il Dieu ? Jésus ? l’Esprit ? La Vierge Marie ? L’Église ? la liturgie ? l’eucharistie ? la Parole de Dieu ? L’identité catholique ? la défense de la vie ? Toutes choses essentielles. Non, il s’agit de Laudato Si, sur la création. Le pape François est intervenu là où on n’attendait pas un pape. Il a répondu de manière évangélique à une inquiétude qui traverse nos contemporains, celle de l’environnement, de l’humus terrestre, de la sauvegarde de notre maison commune, des déséquilibres qui menacent la nature et les plus défavorisés de nos sociétés. A cette encyclique, il a donné une suite en octobre dernier pendant les travaux du synode. Et ce qu’il dit est scruté, travaillé. Non seulement au cours de différentes rencontres internationales mais par les politiques, les économistes, les artistes, les philosophes et les mystiques. Je connais des personnes, certaines croyantes, d’autres non, qui dans de grandes entreprises, sont chargées d’études et d’actions pour moins de pollution, plus de prévision, des changements à court et long terme… Bien des obstacles apparaissent. Peut-être nous…

Ce qu’a fait François est un enseignement. Petit. Mais aussi essentiel que Dieu. Un chapitre du grand enseignement commencé avec le grand récit de la création du monde, de la création d’un peuple fraternel ! Une réflexion enracinée dans la Parole de Dieu d’une part et l’actualité de l’autre. Un enseignement utile à tous. Nous même nous y participons, depuis lors (et parfois avant), en modifiant nos manières de vivre, de manger, d’accumuler… Nous devenons alors les héritiers des apôtres. Nous agissons, nous en enseignons d’autres par nos choix de vie…

Et il nous arrive d’être fatigués de la tâche. Alors Jésus nous dit « venez à l’écart… ». À l’écart, nous le sommes ce matin. Il nous parle. Il nous encourage. Il a compassion de nous. Il nous réconforte. Et nous donne et les paroles de la vie, et le pain de la vie. Pour que la beauté, la vérité, la plénitude nous emplissent de joie. (Gérard Billon)

 

 

15e dimanche ordinaire : Une Église apostolique

Un apôtre, c’est quelqu’un qui est envoyé, chargé d’une mission, chargé de porter un message. Il se situe entre le disciple et le prophète ou, plus prosaïquement, entre le facteur et l’ambassadeur. Il porte un message, soucieux qu’il parvienne à destination. Cela, c’est le côté facteur. Il est déjà une partie du message puisqu’il a été choisi par celui qui l’envoie : sa personnalité est déjà un signe pour celui ou celle à qui il est envoyé. Cela, c’est le côté ambassadeur.

 « Je crois à l’Église, une sainte, catholique, apostolique », disons-nous dans l’une des formulations du Credo. Notre Église est « apostolique ». Avant tout parce qu’elle repose sur les apôtres. Elle a été choisie comme les apôtres ont été choisis. les apôtres ont été choisis non pas à cause de leurs mérites, mais par espérance de Dieu. Ils avaient des qualités, des faiblesses (pensons à Pierre) mais Jésus a espéré en eux. L’ Église a des qualités, des faiblesses et des ratés. Néanmoins, Jésus mise sur elle. Sa foi – la nôtre – repose sur celle les apôtres. Notre foi n’est ni une philosophie ni un code de bonne conduite mais un engagement du cœur et du corps à suivre Jésus, une adhésion de la tête et du cœur au Dieu qui s’est donné à voir et à entendre en Jésus. Voilà l’Évangile.

L’adhésion est venue par éducation, par écoute du seul Maître (un vrai, qui ne donne pas de note). L’adhésion est la vertu du disciple. L’engagement, toujours, risqué, est la vertu du prophète.

Depuis notre baptême, nous sommes éduqués par le Christ comme l’ont été ses apôtres. Pas tous des gens courageux. mais tous de bonne volonté. Certains, parce qu’ils étaient frères de sang – Pierre et André, Jacques et Jean – savaient le prix d’une fraternité autre. Ils ont été éduqués à voir loin, haut et profond. Par la Parole que le Christ nous offre largement. Par sa vie auquel il nous donne de communier.

L’engagement dans la société sort le prophète de son confort religieux. L’engagement suit l’ordre reçu : Sortez, allez plus loin, dites bien que le Règne de Dieu est à notre portée. Et nous, nous ne restons pas accrochés à la table de la Parole et de l’Eucharistie. D’ici un peu plus d’une demi-heure, nous partirons – moins pour parler du Règne de Dieu que pour vivre de lui. Ainsi se répandent le changement des regards, l’enseignement, les guérisons, bref les paroles et les actions bénéfiques que beaucoup espèrent. Nous n’en sommes pas les auteurs, mais seulement les serviteurs.

L’Église d’aujourd’hui est « apostolique » parce qu’elle se situe dans la lignée des Douze et, bon gré mal gré, elle ne peut qu’inventer des paroles et des actes bénéfiques, qui font du bien au corps et au cœur. Le concile Vatican 2 a déployé en son temps cette puissance spirituelle de réforme inventive. Son identité apostolique marque les chrétiens que nous sommes. Le cœur de l’Église bat au rythme du cœur de Dieu et – miracle – nous entrons dans la danse, dimanche après dimanche. Nous sommes peut-être maladroits dans nos paroles et nos actes. Mais là, ce matin, comme tous les dimanches, nous communions au cœur de Dieu, à sa volonté de nous guérir, de nous sauver, de remettre les choses debout, dans le bon ordre, pour nous, pour d’autres qui, peut-être, ricanent dans notre dos.

Alors, modestes, un peu honteux, mais confiants et plein d’espérance, nous allons, nous marchons, nous passons ici ou là et comme le fit Jésus notre maître. La Galilée n’est plus, la planète est un village. Nous déposons dans notre société malade des traits de lumière dont au moins l’un nous est rappelé en ce jour du 14 juillet : Fraternité.

Nous sommes les enfants adoptifs d’un Père unique. Si nous, nous ne tissons pas en actes et en paroles bénéfiques la fraternité qui vient de Dieu le Père de tous, qui le fera ? (Gérard Billon)

 

 

14e dimanche ordinaire : La Parole, lettre morte ?

« Jésus s’étonnait de leur manque de foi » Jésus s’étonne ! C’est étonnant. Ne sait-il pas ce qu’il y a dans le cœur des humains ? Première lecture et évangile d’aujourd’hui ont un point commun : elles parlent des résistances à la Parole de Dieu. Le prophète Ézékiel est envoyé par le Seigneur proclamer la Parole. Mais il est prévenu : il aura en face de lui indifférence ou hostilité ! Quant à l’évangile de Marc, il nous raconte Jésus incompris par ses amis d’école, de métier, de quartier. Il est connu, trop connu ? Mé-connu… J’y vois une piste de réflexion sur la réception en nous de la Parole.

Jésus est prophète. Un prophète est quelqu’un qui est envoyé par Dieu porter sa parole pour tenter de remettre de l’ordre dans les pensées et dans l’action des croyants. « Qu’ils t’écoutent ou non, tu leur parleras… » dit le Seigneur à Ézékiel. Ézékiel a parlé. Jésus a parlé. Sa parole a dérangé le confort des consciences endormies dans leurs images de Dieu, des rapports humains, du bien et du mal. Il a frayé un chemin vers le Royaume de Dieu.

Il a parlé. Il continue de parler. Il vient de nous parler par les mots d’Ezékiel, de St Paul, de St Marc. Il parle tous les dimanches. Et nous, nous écoutons… ou nous n’écoutons pas.

On dit parfois de quelqu’un qui s’est engagé à réaliser ceci ou cela et qui n’a rien mis en pratique que « ses paroles sont restées lettre morte ». On le dit de celui qui parle. On peut le dire de ceux et celles qui écoutent.

La parole de Dieu en nous peut-elle rester lettre morte ? J’ai un peu d’admiration pour les gens de Nazareth qui ont été choqués par l’enseignement de Jésus. Car cela veut dire au moins que la Parole avait touché en eux quelque chose de profond, que çà les avait remués. Il leur restait un pas à franchir – un grand pas qu’ils n’ont pas franchi à ce moment-là, à savoir, comme Paul dans la deuxième lecture, reconnaître leur faiblesse : « Oui, je suis faible, mais justement, Seigneur, viens à mon secours », « j’accepte, je demande que ta parole me transforme », « que devons-nous faire ? ». Il dépend de nous que la parole de Dieu reste ou non lettre morte.

Il dépend de nous d’accepter qu’elle modifie nos images et nos pensées sur lui, le Seigneur de l’univers, sur nos rapports avec nos frères et sœurs. Alors si la Parole peut me transformer, moi, comment ne la partagerai pas avec d’autres ? Que la société soit parfois hostile à l’Évangile importe peu : « qu’ils t’écoutent ou non, tu leur parleras »

C’est mon dernier point : après avoir reçu la Parole, comment se faire entendre ? Marc nous dit que Jésus « enseigne ». C’est un enseignement par l’exemple, par l’engagement. Dans son enseignement, il s’expose. Il s’expose aux critiques. Il expose la vérité de Dieu son Père et la puissance de sa grâce… pour autant qu’elle puisse pénétrer nos faiblesses.

L’enseignement de Jésus est à la fois question et réponse. Il ouvre un chemin dans nos consciences, dans l’avenir. La croix est réponse à la volonté de son Père, elle est l’engagement par lequel nous sommes sauvés de notre marasme, de nos hésitations, de nos rébellions et, je l’espère, d’autres avec nous.

L’enseignement de Jésus, c’est Jésus lui-même. En le recevant par la communion tout-à-l’heure, nous acceptons, bon gré mal gré, qu’il nous transforme et qu’il nous transforme même en porteurs de la Parole de bonté, de grâce, d’ouverture et d’accueil…

Alors peut-être Jésus sera-t-il étonné non pas de notre manque de foi, mais de notre foi. (Gérard Billon)