Paroisse Saint-Philbert-en-Noirmoutier
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Homélie du dimanche

Bulletin Le Noroît

Agenda

33e dimanche : le don de Dieu est colossal

Pour nous, un « talent » est une qualité, une compétence. Et il nous faut développer nos talents et ne pas les gâcher dit-on. Dans la parabole, le talent est avant tout une somme d’argent colossale : 15 années de salaire d’un ouvrier de l’époque ! Nous sommes au-delà du monde des ultrariches. Nous sommes dans le monde de Dieu. Cette fortune qui peut changer une vie est moins un cadeau à dépenser qu’un trésor à valoriser. Quel est le don que Dieu seul peut nous offrir ? Sa vie, notre vie. Son Fils, notre salut. Dieu se montre généreux jusqu’à l’extrême tant par ce qu’il donne que par la confiance qu’il nous fait. Chacun reçoit – et développe – selon ses qualités et, ses compétences. Tout se passe durant son absence : Dieu s’est retiré du monde, laissant à l’être humain le soin de gérer la terre, notre « maison commune ». Jésus le sauveur est désormais près de son Père. Il viendra à la fin des temps et, dans cette attente, nous sommes seuls avec un défi : que faire de tout ce bonheur ? que faire du salut ? Le répandre ou l’enterrer ?

« Aussitôt », les deux premiers serviteurs s’accordent à la générosité du Seigneur. En quelque sorte, ils se font ses partenaires, galvanisés par la confiance qui leur est faite – à l’image de la femme parfaite du livre des Proverbes. Le troisième est paralysé. Il se terre, il s’enterre. L’exigence de son maître – le salut dont nous sommes les collaborateurs – il la prend pour de la dureté. Dur, ce maître ? Mais quand il revient, il ne récupère rien pour lui-même. Il laisse tous les gains à ceux qui ont travaillé. Désormais, ils sont ses amis, partageant sa joie. Le « peu de chose » était déjà immense, que dire de la joie !

Le troisième serviteur n’a pas voulu jouer le partenariat dans la générosité. Il considère le Seigneur comme un juge qui condamne et lui-même se voit comme un larbin (L’image d’un Dieu qui punit est le prétexte pour justifier nos peurs. Nous nous déconsidérons). Sa vie de sauvé, sa vie de disciple du Christ s’est étiolée. Il n’en a pas fait une valeur ajoutée à la mission qui lui a été confiée depuis son baptême. Il n’a rien fait de mal. Hélas, il n’a rien fait…

La parabole va vite, elle caricature. Nous ne sommes aucun des trois serviteurs ou bien nous sommes composés des trois. J’en tire quelques conclusions.

Tout d’abord, même si nous ne sommes pas aussi brillants que les deux premiers serviteurs, essayons de nous accorder à la valeur immense du bonheur donné, de la confiance qui nous est faite et de la générosité de Dieu – la générosité du Christ qui a donné sa vie ! Ensuite, ne nous laissons pas tenter par le mouvement qui consiste à figer Dieu dans l’image du juge qui condamne et qui, par contrecoup, justifie notre lâcheté. Enfin la pratique chrétienne est généreuse, c’est un agir, fondé à la fois sur des qualités personnelles et sur le don premier de Dieu – don que nous allons recevoir et pour lequel nous allons maintenant rendre grâce, dans la joie. (Gérard Billon)

 

32e dimanche du temps ordinaire : la clef du Royaume

En quelques dimanches voilà six fois que l’évangile nous parle du Royaume des cieux Cela donne une idée de l’importance de ce Royaume pour nous ! Royaume des cieux, royaume de Dieu, royaume de l’amour, non pas de l’amour sentiment, ni de l’amour émotion, mais de l’amour fruit d’une décision : celle de se donner, celle d’aller vers l’autre.

Alors, si vous voulez bien, nous allons voir ensemble que c’est en décidant de s’ouvrir aux autres que l’on entre avec Jésus dans le Royaume des cieux.

Décider de s’ouvrir aux autres ! Les dix jeunes filles ont en commun de ne pas avoir une grande résistance au sommeil. Rien ne les distingue particulièrement les unes des autres, sauf que pendant un instant, un tout petit instant peut être, les cinq jeunes filles dites prévoyantes ont anticipé l’accueil du marié. Ne connaissant pas le moment de sa venue, elles décident d’être disponibles, d’être prêtes à le recevoir. Or pour bien le recevoir il faut de la lumière (il n’y a pas de fête sans lumières !).

Alors elles prennent quelques flacons d’huile pour leurs lampes. C’est vraiment peu de chose, c’est même presque rien, il suffit d’aller chez le marchand pour s’en procurer ! C’est peu de chose en effet. Pourtant c’est considérable. Elles ont décidé de s’ouvrir à celui qui vient. Elles sont entrées dans un mouvement d’amour. Elles se sont projetées vers l’autre. Elles se sont oubliées elles-mêmes quelques instants. Elles se sont décentrées de leur « moi », de leur « je », de leur « ego » pour se mettre en situation d’accueillir celui qui vient !

C’est donc accompagnées de Jésus, Lui qui s’est totalement donné à nous, qu’elles sont entrées dans la salle des noces. Quant aux cinq jeunes filles  « insensées » elles ont été prises dans le tourbillon de la vie, elles ne se sont pas données le temps de penser à celui qui vient. Elles n’ont rien fait, rien de mal, rien de bien. Elles se sont laissé porter. En fait elles n’ont rien attendu véritablement, ni rien espéré. Occupées par elles-mêmes et par les mille choses de l’existence, elles sont restées enfermées dans leur monde !

Aussi, lorsqu’elles reviennent de chez le marchand d’huile et qu’elles frappent à la porte en disant « Seigneur ouvre-nous », la réponse est : « Je ne vous connais pas », ce qui signifie : « Vous n’avez rien de commun avec moi ». « Co-naître », c’est naître avec : « Vous n’êtes pas nées avec moi, vous n’êtes pas parvenues à sortir de vous-mêmes, vous n’avez pas vécu, ne serait-ce qu’un seul instant, un mouvement d’amour. Nous ne sommes pas en communion. Vous n’êtes pas prêtes pour les noces du Royaume ! »

Conclusion : il y a à l’évidence un coté tragique dans nos vies. Nous disposons d’une liberté d’agir, nous pouvons décider ou non de nous ouvrir, nous ouvrir aux autres, à Dieu. Alors la question est : allons-nous le faire ? Veillons, veillons à user de la liberté qui nous a été donnée, car c’est elle, la clef de la salle des noces, la clef du royaume dans lequel nous pouvons tous entrer avec Jésus. Ce royaume dont il est le roi car lui, il s’est totalement et librement donné, ce Royaume où nous sommes tous attendus. Nous y sommes attendus car avec nous il sera plus beau encore. I sera plus beau parce que nous nous serons donnés par amour ! (Henri Miailhe)

 

31e dimanche temps ordinaire : “s’élever, être élevé”

« Qui s’abaissera sera élevé » : cela est au plus haut point l’histoire de Dieu qui, en Jésus, s’est abaissé jusqu’à devenir l’un d’entre de nous, avec nous. Il a été élevé, sur la croix d’abord, dans la gloire de son Père ensuite. Pouvons-nous le suivre dans ce mouvement ?

Dans ses rencontres, il y a des gens simples, des intellectuels, des spirituels, des blessés, des mal dans leur peau, des pseudo-spirituels. Aujourd’hui, il a dans le colimateur des personnes apparemment pieuses. Où est leur faute ? Jésus, comme les prophètes tel Malachie, grossit le trait pour mieux faire ressortir le mal : « toutes leurs actions, ils les font pour être remarqué des gens. » Ces actions ont pourtant pour nom jeûne, aumône, prière, engagement au service des autres, souci de Dieu, attachement à la Loi, à l’Alliance… Où est le défaut caché, le défaut invisible à l’œil nu – mais pas à celui de Jésus ?

Je dirais : leur absence de solidarité avec le peuple. Ils ne se veulent pas comme tout le monde. Ils se veulent meilleurs. Ils se détachent de leurs frères et sœurs. Ils se considèrent des coureurs qui s’échappent du peloton et que l’on acclame. De la formule olympique « citius altius, fortius » (plus vite, plus haut, plus fort), ils oublient le dernier terme : « communiter » (ensemble). Mais il y a plus – et Jésus met le doigt là çà fait mal : en fait, ils n’arrivent pas à devenir meilleurs malgré leurs efforts, ils trichent et cachent leur faiblesse sous une façade d’autorité et de raideur.

Saül dit Paul a été l’un d’eux. De raide – raide comme la justice, cachant son impossibilité à devenir ce qu’il voulait être – il a été retourné sur le chemin de Damas. Il est devenu souple, docile, ductible, se laissant guider par un autre. Il a gardé son sens de l’exigence mais il l’a passé au souffle de l’Esprit saint. Dans la lettre aux Thessaloniciens, il laisse apparaître une part de féminité : il qualifie son attitude de « maternelle ». De plus, il dit être heureux d’être un travailleur indépendant, de n’être à la charge de personne pour ne pas appauvrir ses frères et ses sœurs, ses semblables.

Il a abandonné la gloriole, vêtement clinquant qui masque la misère intérieure. Il a revêtu le Christ. Il a reçu du Christ le mouvement d’abaissement, de solidarité avec les autres et de confiance en Dieu notre Père.

Par notre baptême, comme lui, nous plongeons, avec Jésus, dans la foule humaine, confiant en la douceur de Dieu. Nous nous perdons dans la foule sans chercher ni à nous isoler, ni à nous pousser du col. Nous acceptons d’être solidaires de tous et fraternels, maternels ou paternels envers chacun. À la suite du Christ et avec le Christ, nous adoptons une attitude non pas d’humiliation mais d’humilité. S’abaisser, ce n’est pas se rapetisser, s’aplatir, c’est s’incliner, se laisser assouplir par l’Esprit saint. Jésus s’est incliné devant nous. Et si nous allons vite haut et fort, c’est ensemble, avec lui. « Qui s’abaissera sera élevé » : quel bonheur nous est promis ! (Gérard Billon)

TOUSSAINT

« Heureux les pauvres de cœur… ». Ainsi rapporte Matthieu : huit souhaits généreux, ouverts. Quatre sont consacrés aux manques, aux vides que nous éprouvons. Les quatre suivants aux engagements que nous prenons. Ils sont offerts à tous. À tous, pas seulement aux disciples. Dieu, en son Fils, a le cœur large ! Il ne s’agit pas de promesses pour le futur, au-delà de la mort, mais d’une révélation pour le présent : Le Royaume des cieux est là. Au milieu de nous. Dieu est là. Nous apercevons le Royaume de temps à autre par ces fissures que sont la poésie, la prière, l’engagement, l’intériorité, la confiance, l’humilité…  La pauvreté du cœur ne tient à aucune religion, à aucune éducation, à aucun mérite.

Les quatre premières béatitudes qualifient les pauvres de cœur, les doux, ceux qui pleurent ou ont faim et soif de justice. Ils sont blessés par les blessures de notre monde. Nous le sommes avec eux, avec tous ceux et celles qui sont malheureux de la paix qui s’éloigne, de la haine qui s’approche, des fractures sociales qui ne se referment pas. L’injustice – nous le nommons : déni de l’amour de Dieu – il n’est pas nécessaire d’être chrétien pour l’affronter. Mais les chrétiens sont d’autant plus appelés à la combattre !

Notre être se révolte devant le manque de justice et de paix. Alors les quatre béatitudes suivantes demandent à nos corps de bouger, de faire miséricorde (et non pas de condamner), d’être purs de cœur (c’est à dire de considérer les autres supérieurs à nous-même), de faire la paix (retrouver l’harmonie originelle de la création).

Des hommes et des femmes, croyants ou non, ont fait l’expérience de ces manques et de ces combats : heureux sont-ils ! Dieu y répond. Dieu vient les accompagner. Eux et nous. « Mais alors, et nous, les chrétiens, qui avons tout quitté pour te suivre ? » « Vous, répond Jésus, heureux êtes-vous si l’on vous insulte à cause de moi ! »

Ce « à cause de moi » a lancé bien des hommes et des femmes dans les combats de ce monde. Certains sont devenus des exemples. On les appelle « saints » – du nom qui est déposé en chacun de nous à notre baptême.

« À cause de moi ». Je comprends cette formule ainsi : « Vous cherchez le Royaume de Dieu et sa justice. En faisant cela, vous provoquez l’opposition de ceux et celles qui bénéficient de l’injustice établie, de l’écart entre pays riches et pays pauvres, qui surfent sur la faiblesse des personnes démunies ou dépendantes. Ils vous regardent de haut, vous méprisent ; Ils peuvent vous faire du mal ; il suffit d’une calomnie, d’une rumeur. Mais ils ne pourront jamais vous ôter ceci : la joie d’être aimé. Et, à leur confusion, ils ne peuvent pas non plus vous ôter la joie de les aimer, eux. Les aimer non pas à cause de ce qu’ils font, mais à cause de ce qu’ils sont : les enfants de Dieu notre Père. »

Ils ne peuvent vous ôter la joie d’être aimés. Ils ne peuvent vous ôter la joie de les aimer. Heureux êtes-vous ! Heureux sommes-nous ! Nous sommes tout contre le cœur de Dieu. (Gérard Billon)