Paroisse Saint-Philbert-en-Noirmoutier
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20 janvier à Barbâtre :

action de grâce pour le « miracle » de Saint Sébastien

La tradition n’est rapportée par écrit qu’au début du 20e siècle. Quelle que soit la réalité des faits, l’événement est bien ancré dans la mémoire collective. Des vitraux du 19e siècle dédiés à saint Sébastien en témoignent tant dans l’église de Barbâtre que dans celle de la Guérinière, villages qui, jusqu’au début du 19e siècle, ne formaient d’une seule paroisse.

Voici l’histoire. Depuis la fin de 1721, une épidémie ravage l’île. Une femme du hameau de la Fosse, Marguerite Palvadeau, âgée de 88 ans, vient supplier le curé, l’abbé Chauviteau de la Chalonnière, de faire un vœu perpétuel aux saints Fabien et Sébastien, invoqués traditionnellement contre la « peste » (nom donné alors à tout fléau qui se propage). Le 20 janvier 1722 au matin, jour de la fête des saints, le curé célèbre la messe et tous les hommes partent en pèlerinage, « pieds nus et en chemise » dit-on, à Saint Sébastien d’Aignes (aujourd’hui Saint-Sébastien-sur-Loire près de Nantes) où se trouve un sanctuaire local disparu depuis. À leur retour, l’épidémie a cessé.

L’épisode s’est imprimé dans la vie de la collectivité. Dans l’église de la Guérinière, un vitrail du chœur (1887) porte, sous le portrait des saints Fabien et Sébastien, une évocation du vœu de 1722 avant le départ du pèlerinage (un homme a déjà son baluchon et les pieds nus). Dans celle de Barbâtre, deux vitraux (1869 et 1927) sont consacrés à saint Sébastien et une relique est enchâssée dans un reliquaire multiple (fin 19e siècle). Ajoutons que, sur l’île, la vénération de saint Sébastien est circonscrite à Barbâtre et La Guérinière alors que saint Clément, présent lui aussi dans ces deux églises comme patron des marins, est honoré dans l’église de Noirmoutier.

Selon le vœu, une messe d’action de grâce, célébrée le 20 janvier, rassemblait encore beaucoup de monde dans la première moitié du 20e siècle. Tombée en désuétude, elle a été supprimée en 1969. En écho communal, le jour était chômé par tous, « bêtes et gens et même les fusils ! » dit la tradition. Jusqu’en 1990, le 20 janvier était également «journée du maire» (congés) pour les enfants des écoles.

C’est bien la tradition orale, celle qui s’inscrit dans les mémoires et les coutumes, qui a gardé trace du « miracle ». Elle n’est mise par écrit qu’au début du 20e siècle et elle est aujourd’hui interrogée par les historiens. L’épidémie est-elle à relier à la grande peste de 1720 à Marseille ? Quelle a été réellement son ampleur sur l’île ? Pourquoi ce pèlerinage n’est-il pas mentionné dans les archives du diocèse de Nantes concernant saint-Sébastien-sur-Loire, alors que d’autres événements avant et après 1722 le sont ? Quant aux archives du diocèse de Luçon, elles sont silencieuses – mais il faut compter avec les ravages de la Révolution. Voilà quelques questions en suspens. Quoiqu’il en soit, l’épisode est fondateur d’une communauté sensible aux malheurs du temps et tournée vers la bonté du Seigneur et le culte des saints dont on implore la protection au fil des jours.

Une messe avec une attention spéciale pour tous les malades, sera célébrée le dimanche 21 janvier 2024 à 9h30 dans l’église de Barbâtre. Nous y prononçons la traditionnelle prière à Saint Sébastien..

Note : voir Jacques Santrot, Barbâtre et son église dans l’histoire de Noirmoutier, 2021, p. 164-174.