Paroisse Saint-Philbert-en-Noirmoutier
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Vivre la semaine sainte

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Homélie du dimanche

Bulletin Le Noroît

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5e dimanche de carême : La nouvelle alliance

Quelle est donc la différence entre la première alliance, celle passée avec le peuple d’Israël par l’intermédiaire de Moïse et la « nouvelle alliance » annoncée par le prophète Jérémie plusieurs siècles après ? Elles ont toutes deux le même double objectif : 1) montrer qui est vraiment Dieu , 2) montrer au monde entier qu’une communauté d’hommes et de femmes, en l’occurrence le peuple d’Israël, peut servir Dieu et les êtres humains et, ainsi, vivre heureux.

La première alliance a un moyen privilégié : l’obéissance à la Loi de Moïse dont le début est formé par les 10 commandements que nous connaissons bien, Juifs et chrétiens. Toutes les règles, même les plus simples, sont des points de repères au service de la révélation de la vérité de Dieu et de la relation avec les autres. Mais il y a eu des ratés, des “fautes” ou “péchés”, c’est-à-dire des ruptures avec le vrai Dieu et avec la fraternité.

La nouvelle alliance, annoncée par Jérémie, tient compte des ratés dans la mise en pratique de la première. Ils ont diverses raisons dont celle-ci : la Loi de Moïse considérée comme une série de contraintes et non plus comme le pilier de la liberté et de l’amour.

La nouvelle alliance met donc en avant non pas un enseignement qui s’impose de l’extérieur mais une intimité, une intériorité. Elle fouille « au plus profond », là où tiennent amour et vérité, justice et paix. Parce qu’en chacun de nous, Dieu, le vrai et unique Dieu, a déposé le désir de l’harmonie, de la bonté, de la beauté – désir que nous emprisonnons parce que nous en avons peut-être peur. Peur de la liberté, peur du bonheur, peur d’être fraternel, peur de perdre le confort, matériel spirituel, peur de nous perdre. Jérémie, les prophètes, les apôtres et les saints nous disent que nous pouvons servir Dieu et nos frères et sœurs non pas « parce qu’il le faut » mais parce que sans çà, nous ne sommes plus nous-mêmes.

Certes, de notre cœur sortent toutes sortes de mauvaises choses. Mais, de notre cœur aussi, parce que nous y trouvons ce que Dieu a déposé, sortent toutes sortes de belles choses : le respect de la nature, la contemplation de frère soleil, sœur lune, mère terre, « terre solidaire » (selon la belle et simple formule du Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement).

Qu’a fait Jésus les quelques mois de la prédication du Règne de Dieu sinon tirer de nos cœurs, du plus profond de nous, ce qui y est enfoui, qui nous rend frères et sœurs universels, habitants de la même planète, enfants du même Dieu… Et certains auditeurs ont été bouleversés, comme ces Grecs qui cherchent à le voir.

Dans ce mouvement des humains vers son Fils, le Dieu unique, notre Dieu, a glorifié son Fils unique. Il le glorifie encore lorsque Jésus fait éclater les carcans de toutes sortes, en particulier spirituels, qui nous emprisonnent au lieu de nous ouvrir. Sur la croix, les bras du Sauveur sont largement ouverts. Il nous accueille, tous. De son cœur, à lui, du plus profond de lui-même, au point névralgique de l’alliance, jaillissent le sang de la vie et l’eau de l’Esprit saint. Le roi de gloire se donne à corps perdu, à cœur perdu. En se détachant de sa vie en ce monde, il nous redonne harmonie, bonté, beauté, liberté, bonheur. Encore faut-il, pour recevoir tout ça, écouter en nous la voix divine déposée lors de notre baptême…

 

 

4e dimanche de Carême : il faut se décider

Il y en a qui ont une image d’un Dieu juge, mais d’un juge qui punit. Et l’on parle de sa colère devant les péchés de son peuple C’est mal comprendre Dieu et c’est mal interpréter notre histoire. Car un juge a le pouvoir de condamner certes, mais il a également celui de relaxer, de libérer.

La fin du livre des Chroniques entendue tout-à-l’heure nous dit que le châtiment du peuple d’Israël a été mérité. Mais est-on resté sur le malheur ? Non. Le peuple es revenu de son malheur. Il ne l’a pas « mérité » et pourtant il en est revenu. Cadeau. La condamnation s’est métamorphosé en libération. Une ère de bonheur a été ouverte.

Mais nous, ce bonheur, le voulons-nous ? Nous avons tous en nous des tendances à faire du mal, à préférer les ténèbres à la lumière – pas souvent de façon grave, heureusement ! On peut rendre malheureux les autres, on peut polluer la nature, on peut se rendre malheureux soi-même. Alors, Dieu intervient. Il est intervenu un jour du temps en Jésus de Nazareth. Il intervient aujourd’hui en Jésus mort et ressuscité qui nous a rassemblé, qui vient de nous parler et qui va nous partager sa vie. Il nous suffit de regarder la croix : Jésus est un cadeau de Dieu. Saint Paul, dans la lettre aux Ephésiens, appelle cela la « grâce ».

Dans le mot grâce, il y a de la beauté. Il y a aussi le mot « gratuit ». Dieu donne gratuitement. Sur la croix, il nous propose de regarder Jésus, sa vie, sa mort, son enseignement. Chaque dimanche, Jésus vient à nous dans le pain de la parole et le pain eucharistique.

Sur la croix, il y a le corps de Dieu. Non pas celui d’un juge inflexible, mais d’un père. Créateur des mondes, en son fils Jésus, il a pris chair de  la vierge Marie. Il est devenu l’un de nous dans une existence avec son lot de risques, d’épreuves, d’obscurité. Il a traversé nos ténèbres, partagé nos joies, notre souffrance.

 « Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé ». «Juger » au sens habituel est entendu comme « punir ». Mais, dans un sens plus inhabituel – et plus divin – il nous faut l’entendre comme « sauver ». Que notre monde soit sauvé ? Alors que les journaux parlent d’horreurs entre les peuples et les personnes, de corporatismes, de défenses de soi, de mépris d’autres qui n’ont ni la même culture, ni la même religion… Face au mal, aux tendances de mort, Dieu réagit, Dieu s’engage.

Lui, le Vivant par excellence, nous propose de nous transfuser sa propre vie, sa Vie éternelle, son amour crucifié. De la croix jaillit la lumière qui fait la vérité sur chacun de nous. Une lumière qui fouille et met à nu. Qui décape, aseptise, cautérise et permet aux blessures de se refermer. Devant la croix, il ne nous reste qu’à décider. D’un côté, suivre nos penchants habituels qui créent du malheur. De l’autre, suivre l’inhabituel, la grâce, la beauté, la gratuité. Décider pour ou contre la vie. Mais Dieu ne peut décider à notre place. Il peut ouvrir le chemin de la “grâce”, de la gratuité, de la vie. Il peut donner sa vie pour nous faire vivre. Il peut mourir à notre place. Il ne peut pas vivre à notre place. (Gérard Billon)

 

3e dimanche de Carême. Premier “scrutin” des catéchumènes (évangile de la Samaritaine)

Il y a là deux personnes qui, chacune, ont soif. Jésus a une soif physique. Il est fatigué et il demande un peu d’eau. La femme de Samarie a une soif intérieure que Jésus va étancher. Mais, avant, il va la révéler. Il va l’aider à regarder sa vie de femme, à la scruter, à discerner ses fragilités, ses blessures, ses péchés.

À la fin de l’histoire, elle laisse sa cruche et court rejoindre les autres villageois. Fini la solitude (n’est-elle pas venue à l’heure la plus chaude, afin de ne rencontrer personne ?), fini le marasme de sa vie. Jésus l’a aidée à discerner qu’elle a encore en elle de la bonté, de l’amour vrai et le désir d’être heureuse. Heureuse non pas en solitaire, seule avec son compagnon, seule avec elle-même. Mais heureuse avec les autres.

Pour la femme de Samarie, Jésus a opéré une guérison intérieure. Exactement ce que Dieu son Père veut pour tous les êtres humains, pour nous, pour tous ceux et celles qui ont une soif de bonheur. Une soif de bonheur que l’existence du mal, du manque de confiance, vient assombrir. Nous essayons de calmer la blessure maladroitement, par des dérivatifs. Alors, simplement, calmement, sans juger, sans condamner, Jésus rend la joie, le mouvement. Il libère la femme de tout mal et lui donne un cadeau qu’elle ne peut que partager. Un cadeau qui concerne et son humanité et Dieu. Son humanité : elle vaut mieux que ce qu’elle croit. Dieu : il ne s’enferme pas dans les formes de la religion et s’intéresse à tous, à tous ceux et celles qui, comme elle, sont blessés et cherchent confusément un sens à leur vie. Dieu s’intéresse à chacun de nous.

Chaque dimanche, il nous attend près du puits des Écritures. Ce matin, quand j’ai ouvert l’église, il n’y avait personne sinon lui, déjà là, attendant que nous venions le rencontrer. Nous sommes venus par vagues. Nous avons chanté. Il nous a parlé. Il a raconté l’histoire du peuple au désert, tenaillé par la soif. Il nous a raconté l’histoire de la femme, sortie peu à peu du long sommeil de la solitude et des dérivatifs. Au fur et à mesure qu’il nous parle, changeons-nous notre regard sur lui, Dieu, qui était déjà là quand nous dormions, Dieu qui répond à nos demandes ? Changeons-nous notre regard sur nous-mêmes ? Si ce n’est pas encore le cas, il va encore nous parler dans la prière eucharistique, avec sa vie, la vie éternelle. La vie éternelle, il va nous l’offrir, comme on offre une parole de réconfort, une parole pour sortir de nous-mêmes, pour redonner confiance en nous-même et en Dieu.

Alors, nous ne sommes plus découragés devant la violence du monde, devant les divisions et les barrières. Libérés du mal, nous redécouvrons que Dieu est notre Père et que nous sommes ses enfants bien-aimés. Ensemble.

 

3e dimanche de Carême : Détruire, construire (évangile de la purification du Temple)

Le geste de Jésus est prophétique. Que la religion la plus sainte tourne en déshonneur, cela montre au moins que rien n’est jamais acquis, qu’il y faut toujours de la vigilance, aujourd’hui comme hier.

Le culte du Dieu saint tourne en calculs ? D’un fouet improvisé, Jésus nettoie la place : que cesse « la maison de commerce », que réapparaisse la « maison de mon Père » ! Lorsque le quatrième évangile s’écrit, le Temple, selon toute vraisemblance, a été incendié. Il n’offre plus aux passants que la splendeur de ses soubassements et de son esplanade. Jésus a-t-il pressenti la ruine ? « Détruisez… », dit-il. Ce n’est pas un ordre, bien sûr, mais la constatation que si les choses vont leur train, l’issue est fatale. Fatal, le feu destructeur. Fatale, la cessation du culte et la disparition du clergé. Fatals aussi le procès et la croix. Or, lui, Jésus, par-delà la catastrophe annoncée, annonce l’espoir : « Vous, vous détruisez, moi je peux reconstruire… » Reconstruire, relever, ressusciter.

Formidable espoir : Dieu nous a tout donné les repères pour vivre – le don de la Loi au Sinaï, les récits et les psaumes, les promesses et les apôtres. Dieu nous a ouvert le chemin de la vie, de la fraternité retrouvée, de la prière retrouvée. Nous on passe notre temps à transformer la religion en cadres rigides, en célébrations plus ou moins tristounettes. Nous détruisons ce que Dieu a construit.

Mais Jésus reconstruit. Dimanche après dimanche, il redonne sa Parole et son pain, pour refaire une communauté qui s’effiloche. Il nous ressuscite. Et nous, dans la semaine, on temporise, on bricole, on va de lâcheté en compromissions. Alors, de nouveau, le dimanche, Jésus nous ressuscite ! plus nous nous détruisons, plus il nous reconstruit. Il arrivera bien un jour, où sa volonté de bâtir sera plus forte que notre tendance à détruire !

Sur l’esplanade du temple ancien, bœufs, moutons et colombes des sacrifices ont fait de la place au seul « agneau de Dieu ». Il est seul sur les ruines du culte ancien… Il est aussi le seul qui puisse consolider le culte nouveau que nous fragilisons. Il est le seul qui puisse faire rendre solide notre marche synodale, notre paroisse brinquebalante.

Pour les Juifs d’aujourd’hui, le « lieu » de la présence divine n’est plus le temple détruit mais l’écoute et l’étude de la Torah, de la Loi Pour les chrétiens que nous sommes la présence divine se dévoile, sous l’action de l’Esprit saint, dans le corps de Jésus, brisé et relevé, au cœur de notre assemblée, au cœur des récits que nous venons d’entendre, au cœur du mémorial eucharistique que nous allons engager.

Nous allons repartir, encore une fois, avec la responsabilité suivante ; tout faire pour ne pas trop détruire ce que l’amour de Dieu, inlassablement, ne cesse de bâtir, dimanche après dimanche. (Gérard Billon)

 

2e dimanche de Carême : Transfiguration

Pierre, Jacques et Jean connaissent Jésus depuis environs 3 ans. Ils admirent son enseignement, ls sont toujours surpris par ses miracles, ils vont et viennent avec lui et pensent sans doute bien le connaître.

Alors Jésus va les emmener sur une haute montagne. Et là il est « transfiguré ». «Transfiguré » un peu comme la lumière de l’aube transfigure un paysage : Tout est pareil et pourtant tout prend une autre dimension : « Ses vêtements deviennent d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille » Une blancheur qui ouvre sur un autre monde. Un monde que Pierre, Jacques et Jean ne connaissent pas, un monde très surprenant ou visiblement la mort n’existe pas, où le temps n’existe pas. Ils voient en effet Jésus s’entretenir avec Moïse et Élie, lesquels ont quittés cette terre depuis longtemps …

Voir leur ami Jésus à la fois resplendissant et discutant avec des personnages illustres les a effrayés dans un premier temps, et c’est bien normal. La première surprise passée, Pierre prend la parole : « Rabbi, il est heureux que nous soyons ici, dressons trois tentes. » Ce que voit Pierre trouve en lui un écho et un écho positif.  Pierre est heureux. Il est heureux de découvrir un autre monde que celui qu’il connaît…  et il se sent fait pour lui ! Il voudrait arrêter le temps en proposant des tentes pour ces personnages. Il voudrait lui aussi vivre dans ce monde qu’il vient de découvrir.

Or il n’est pas au bout de ses découvertes : « Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : celui-ci est mon fis bien aimé, écoutez le » La « nuée » dans l’Ancien Testament est toujours la manifestation de la présence de Dieu. Pierre, Jacques et Jean entendent Dieu prendre la parole …pour immédiatement la donner à son fils. L’un commence une phrase pour que l’autre la termine.

Ils sont deux, mais unis de l’intérieur. Ils sont deux mais ne font qu’Un ! Jésus le Fils et Dieu son Père montrent leur unité et cette unité se fait par la confiance totale de l’un à l’autre cette unité se fait par le don de l’un à l’autre, cette unité se fait par l’amour !

Pierre Jacques et Jean découvrent trois choses en haut de cette montagne : d’abord qu’il existe un monde où ni le temps, ni la mort n’existe, ensuite que dans ce monde les relations sont celles guidées par l’amour, par le don de soi, et en troisième lieu, ils découvrent que la vision de ce monde les rend heureux, ils découvrent qu’ils sont fait pour ce monde.

Nous aussi il nous est parfois donné d’être comme Pierre d’être heureux, heureux d’imaginer à travers notre foi, qu’un monde autre que le nôtre puisse exister. Mais aussi d’être heureux lorsqu’il nous est donné d’entrevoir (ou simplement de pressentir) l’existence de cet amour. Cette expérience laisse en nous comme une trace, comme une mémoire, c’est un évènement dont nous pouvons en faire aisément revenir le souvenir. Cette expérience est un peu comme une braise qui couve sous la cendre de notre cœur. « Même le baptisé qui pense n’avoir jamais rien vu de la gloire de Jésus, en porte en lui-même le secret désir »

En conclusion nous pouvons souligner que la foi et l’espérance en l’existence d’un Royaume différent de notre monde sont justifiées, que l’amour le plus parfait règne en maitre dans ce Royaume, que nous sommes, chacun de nous, fait pour ce Royaume. Alors ce carême est l’occasion de relire notre vie, d’y chercher les traces de l’amour de Dieu, de nous demander : cet événement était-ce Lui ? ce signe était-ce Lui ? Plus nous découvrons la présence de l’amour de Dieu dans notre vie, plus nous sommes, à notre tour, porteur de la stupéfiante Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. (Henri Miailhe)