2e dimanche de l’Avent : voir le salut de Dieu
« Et tout être vivant verra le salut de Dieu. » Cette promesse est notre espérance. Elle est remise non seulement à chacun de nous mais au corps que nous formons : l’Église. Au corps dont, parfois, on aimerait bien se détacher pour vivre une relation avec notre Dieu – ou celui que nous pensons être notre Dieu.
Celui qui est notre Dieu désire conduire son peuple « dans la joie, à la lumière de sa gloire, avec sa miséricorde et sa justice ». Là et sa vérité, proclamée par les prophètes Baruch, Isaïe et Jean le Baptiste, accomplie en Christ Jésus.
Comment nous mettre à l’écart du corps du Christ qu’est l’Église ? Puisque c’est par l’Église que nous avons accès à la vérité de notre Dieu. Par l’Église dont le souffle s’appelle Esprit saint. Chaque dimanche, dans l’Église – et l’on joue entre le bâtiment-église et la réalité majuscule – Dieu nous donne ce qu’il a meilleur, ce qui concentre sa justice, sa miséricorde, son salut, à savoir son Fils, Jésus.
Le peuple d’Israël attend un envoyé divin, un Messie, un envoyé de Dieu, qui l’envelopperait du manteau de la justice et lui donnerait de l’ombrage quand il est fatigué – attente portée aussi par beaucoup de religions.
L’Évangile, notre Évangile, la Bonne nouvelle, la nouvelle heureuse est que l’attente des êtres humains et des religions qui les animent n’est pas d’abord une parole extérieure à la communauté humaine, une parole qui nous réconforterait de nos échecs ou de nos maladresses à vivre la paix, la justice, la fraternité, une parole qui nous réconforterait de nos péchés parce qu’elle nous assurerait du pardon de Dieu.
L’Évangile ne peut être résumé en une phrase, quand bien même ce serait « Tout être vivant verra le salut de Dieu ». L’Évangile n’est pas une voix, il est un corps, celui de Jésus de Nazareth qui se révèle à nous comme Dieu lui-même. Il s’est révélé ainsi sur les routes de Galilée, de Samarie, le temple de Jérusalem et la colline du Golgotha. Il se révélera à nous à la fin du monde. Il se révèle à nous dans les parole entendues et le pain, le vin que nous allons offrir et que nous allons partager.
Les voix des prophètes Baruch, Isaïe et Jean le Baptiste nous préparent à recevoir cette révélation de même que la liturgie de la Parole nous préparent à vivre la liturgie de l’Eucharistie. Jean le Baptiste est une voix, Jésus de Nazareth est un corps.
Un corps qui se donne, un corps immergé dans un peuple, une histoire, un corps parmi d’autres, limité dans ses relations, un corps mortel, un corps solidaire de la communauté humaine et, dans la communauté humaine, solidaire de ceux qui sont mis à l’écart, ou mal vus, mal considérés. Un corps qui a vécu jusqu’au sang la fraternité, la justice, la piété. Un corps devenu immortel pour avoir vécu jusqu’au bout la solidarité, la fraternité, la justice et la piété. Et qui nous appelle à le suivre, à entendre la voix des prophètes et à nous greffer à son corps.
« Tout être vivant verra le salut de Dieu. » La phrase est au futur. En nous, en chacun de nous et dans la communauté Église, le beau travail de l’Évangile est commencé. Il est en voie d’achèvement. (Gérard Billon)
1er dimanche de l’Avent : le grand voyage
Chacun des textes que nous venons d’entendre nous prépare pour le grand voyage. Le grand voyage de chacune de nos vies. Alors que nous commençons une nouvelle année liturgique, c’est l’occasion de faire le point quelques instants avant de reprendre le chemin !
Imaginons-nous sur une colline avec devant nous une grande plaine que nous allons traverser. Avant de partir voyons les bagages, les ressources dont nous disposons, puis ensuite les aides que nous trouverons sur la route.
Quels sont les bagages, les ressources dont nous disposons ? Les textes que nous avons entendus, mais aussi toute la Bible, nous montrent que notre bagage principal c’est notre double nature : biologique, mais aussi spirituelle, poussière et souffle de Dieu, corps animé et esprit, animal avec l’image de Dieu imprimée au plus profond.
Deux natures : deux natures qui sont substantiellement différentes. Comment les faire vivre ensemble ? Si nous vivons que le biologique, le corps, l’animal, alors lorsque viendront les bouleversements du monde, lorsque “les nations seront affolées et désemparées” et que “les hommes mourront de peur”, alors nous aussi nous aurons peur, car les repères qui sécurisent l’animal en nous, auront disparus. D’un autre côté, si nous cherchons à dominer totalement l’animal en nous, pour laisser toute la place à l’esprit, cela ne fonctionne pas non plus. Vous connaissez les dictons “chassez le naturel et il revient au galop” ou encore “qui fait l’ange, fait la bête”.
Notre bagage ce sont nos deux natures et elles deux et notre voyage vise à les unir, à les tenir ensemble, à les enrichir l’une par l’autre. Et pour cela, voyons les aides que nous pouvons trouver tout au long de la route, nous avons entendu la prière du psaume qui est demande : “Seigneur, enseigne moi tes voies, fait-moi connaître ta route”. Alors nous aussi demandons notre chemin.
La première lecture nous a parlé d’un “germe de justice” une force qui en nous, unit. Alors nous aussi accueillons la.
Dans la deuxième lecture, Saint-Paul précise à ses amis de Thessalonique que : “c’est le Seigneur qui donne un amour de plus en plus intense et débordant”. Alors, nous aussi recevons le don de cet amour de plus en plus fort. Et alors, le souffle de Dieu grandira en nous, il divinisera notre poussière, irriguera notre corps, spiritualisera notre biologie. Et ainsi peu à peu Dieu pourra être visible à travers nous sur cette terre. “N’oubliez-pas : votre corps et le tabernacle de Dieu” dit Saint-Paul à ses amis de Corinthe dans 1Co6-19.
Regardons l’année liturgique à venir, regardons le chemin de Jésus accompagner le nôtre :
Noël, une révolution, nous voyons un enfant habité de la vie de Dieu, Dieu se manifeste dans le corps d’un être humain.
Baptême de Jésus, mais aussi Transfiguration : Dieu dit : “Celui-ci est mon Fils bien aimé, en qui j’ai mis tout mon amour” confirmation de la présence de Dieu dans l’homme Jésus.
Vendredi saint : défi de la mort que va devenir la présence de Dieu dans l’homme Jésus.
Dimanche de Pâques : Jésus se montre dans son corps, un corps habité de la vie de Dieu, un corps unifié et accompli, reconnu par ses apôtres.
L’Ascension : avec son corps, Jésus quitte cette terre.
La Pentecôte : l’Esprit Saint se manifeste dans et à travers des hommes.
La Toussaint : fête de tous les saints, de tous ceux qui ont laissé grandir en eux l’Esprit de Dieu. Tous ceux qui ont unifiés leurs deux natures.
Nous pouvons dire que le voyage de notre vie, nous conduit bien au-delà de notre vie, nous avons accueilli l’amour de Dieu sur terre, nous nous tiendrons debout devant le Fils de l’homme, et nous verrons Dieu face à face. (Henri Miailhe)
Christ, roi de l’univers
« Le Seigneur est roi ; il s’est vêtu de magnificence » avons-nous chanté. Étrange magnificence que celle de Jésus devant le gouverneur Pilate ! Un roi dénudé, couronné d’épines, sans soldats pour le défendre, un roi dont les sujets le traduisent devant un gouverneur étranger. Un roi prisonnier, dépouillé de tout moyen de pression, un homme rabaissé mais « qui reste roi de ses douleurs ».
Sa noblesse ne vient pas de ce qui pourrait passer pour un héroïsme tragique. Calme devant le juge qui va le condamner, lui ne juge pas, ne condamne pas. Il ne se défend même pas. Sa noblesse ne vient pas de lui mais de Dieu. Telle est la vérité de son attitude royale. Dieu lui a fait confiance et il a confiance en Dieu, là au seuil de la mort.
Dans le livre de Daniel, Dieu remet sa puissance – puissance de créateur, de sauveur – au mystérieux « Fils d’homme », à la fois humain et plus qu’humain. En agissant ainsi, Dieu montre la confiance absolue qu’il a en lui. À supposer qu’il n’y ait personne à croire en Dieu, Dieu, lui, croit au moins en un être humain : Jésus de Nazareth qui a été révélé le « Christ ». Il nous rassemble aujourd’hui en son corps.
Cet être humain, nous en sommes non les gardiens mais les serviteurs. Des serviteurs, pas des esclaves. Nous le servons en essuyant ses larmes de toute personne qui a été trahie, accusée, humiliée, déshumanisée. Car toute personne est roi. A chacun, Dieu a remis la terre pour la garder et la cultiver. Nous le servons en participant au royaume qu’il désire, celui de « la justice et la paix ».
Dieu a cru en Jésus. Jésus a dépassé toute violence pour tuer la mort. Dépouillé, crucifié, il avait au cœur la foi. Notre foi : la vie, la vie de Dieu notre Père est immortelle. La gloire passe, le règne de Dieu est éternel. Tous les germes de mort dont nous sommes complices ont été vaincus. Jésus est désormais « le » Vivant. Les germes de mort, nous les combattons avec lui, par lui, en lui.
Serviteurs du roi d’humilité, du roi sans armée, du roi désarmé, nous tentons, tant bien que mal de vaincre la violence qui commence en nous par l’envie d’avoir ce que l’autre possède, l’envie d’avoir raison – toujours avec de bonnes raisons. Pilate avait de bonnes raisons.
Par lui, avec lui, en lui, nous recevons la vérité sur ce que nous sommes : des rois. Nous recevons la vérité sur Dieu, lui qui rend sa couronne à toute personne que nous rabaissons. Une couronne tressée de liberté et de joie. (Gérard Billon)