Paroisse Saint-Philbert-en-Noirmoutier
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Mgr de Dinechin

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33e dimanche : Persévérer dans l’attente du Jour du Seigneur

 En notre période de violence, l’Évangile indique ce qui nous soutient le plus : la confiance en Dieu. Pour faire ressortir cela, le prophète Malachie et Jésus commencent par dessiner un monde plein d’images violentes, guerres, catastrophes et conflits. Images pour annoncer ce à quoi certains ne croient plus : la justice pour tous et la paix intérieure pour chacun. Le jour de Seigneur – c’est-à-dire la venue du Christ à la fin des temps – brûlera ce qui doit l’être et pansera les blessures de ceux et celles qui servent le Seigneur. Telle est notre espérance.

Nous servons le Seigneur et des millions d’autres avec nous. Servir le Seigneur, c’est le remercier et demander son aide. Il y a tant à faire ! En ces jours sont fêtés à Rome les pauvres, les associations caritatives, nos tentatives de fraternité. En cette année du Jubilé de l’Espérance, on a là le rappel que Dieu a pris le visage d’un pauvre.

Là-dessus, Jésus envisage la destruction du temple. Pourquoi ? Parce que cette institution, cœur vital de la religion, est sclérosée. Les actes cultuels, les « choses à faire », ont recouvert la foi. Nous l’avons entendu dimanche dernier : les offrandes sont vidées de leur sens, le service rendu à Dieu et à nos frères fonctionne à perte.

Il faut faire craquer la carapace pour que le service de Dieu et des frères puisse revivre, pour que la foi en nous soit guérie… Dans un cri d’alerte – avec des images qui frappent – Jésus donne un nom à ce qui permet les guérisons et la paix du cœur : la persévérance. Le cri d’alerte de Dieu qui vient jusqu’à nous par le prophète Malachie et en Jésus, est le cri d’un Dieu déçu : il arrive aux croyants d’oublier le noyau de l’Évangile.

Le « soleil de justice » qui peut guérir, c’est Jésus crucifié. Lui, l’homme « juste » par excellence, connaît l’annonce fraternelle, les moqueries qui en résultent, l’iniquité des pouvoirs religieux. Il connaît la mort. La vie. Car la persévérance est un autre nom de la foi. Elle se dévoile à Gethsémani et nous est donnée comme aliment dans l’eucharistie.

Que le « soleil de justice » illumine les pauvres et les victimes de la violence. Qu’il illumine même ceux et celles que le prophète appelle les « arrogants », c’est-à-dire ceux et celles qui, voyant les malheurs du temps, se considèrent plus clairvoyants que quiconque, annoncent les pires catastrophes et jouent sur nos peurs. Ils ne croient pas en Jésus, ils l’utilisent. Croire en Jésus c’est, au milieu de tous les tourments, se laisser porter par lui, le Fils aimé du Père, se laisser envelopper par sa parole et sa sagesse et s’y tenir – et tant pis si on s’y tient pas bien !

Notre monde craquera dans la douleur. Mais afin d’enfanter le Jour du Seigneur, le jour où le Christ viendra. Telle est notre espérance. L’indifférence sera brûlée ainsi que les moqueries et les persécutions. Notre propre médiocrité disparaîtra dans le vent. Nos blessures seront guéries. Je parle au futur,  je devrais parler au présent. Quel jour sommes-nous ? Dimanche, jour du Seigneur ! L’avenir est là dans le Christ qui s’offre à nous. Il brûle. Il guérit. (Gérard Billon)

 

32e dimanche : La Maison de Dieu

Il y a eu le temple de Jérusalem. Il y a l’église du Latran. Il y a le bâtiment où nous sommes rassemblés. Quel rapport entre eux ? L’histoire de la présence de Dieu dans le monde !

Le temple de Jérusalem était la maison de Dieu – d’où son nom, « la » Maison, la seule, celle où Dieu habite et d’où il fait rayonner sa bonté. Le prophète Ézéchiel utilise, lui, l’image d’une source vive qui se trouve dans les fondations. Ce mince filet, un presque-rien, coule hors de la Maison, grossit et redonne vie au désert et aux eaux mortes. L’image donne sens au service de Dieu, au culte : abreuvés par lui, on prie pour soi, mais surtout tout le pays, au-delà des murs. La spiritualité de la Maison (de Dieu) est là.

Selon l’Évangile de Jean, si Jésus se met en colère sur le parvis du temple, c’est parce que les choses humaines ont pris le pas sur les choses de Dieu. L’argent, bon serviteur pour honorer Dieu, est devenu le maître. Le bâtiment a été vidé de sa substance. Comment irriguer maintenant les sécheresses et vivifier les eaux mortes de notre monde ? « Stop » dit Jésus. Il se retourne et il s’offre en sacrifice à la place des bœufs et des brebis. Pour les victimes, pour les coupables, il offre son corps, son cœur, son esprit. Sa Passion sera le nouvel espace sacré. Sur la croix, l’eau coulera de son flanc transpercé ; elle deviendra fleuves d’eau vive pour nous et pour le monde. Le corps de Jésus, sa chair, est la nouvelle Maison où Dieu habite et d’où il vivifie le monde.

Pour leur culte, les premiers chrétiens n’avaient pas de bâtiment spécifique. Ils se rassemblaient dans une maison plus grande que les autres. Ils formaient une « ecclesia », mot grec qui veut dire « assemblée convoquée » (en français « église »). À Rome, ville du successeur de St Pierre, c’est dans un quartier périphérique, le quartier du Latran, qu’a été édifié le premier grand bâtiment cultuel, au début du 4e siècle. Dans la cité de Rome et pour son bien, le bâtiment a rendu visible le rassemblement chrétien, l’« ecclesia » des « pierres vivantes » dont le Christ est la fondation. Les bâtiments se sont multipliés. Le mot « église » est passé peu à peu du rassemblement au bâtiment. Mais la véritable Maison de Dieu dépasse tous les bâtiments. Elle est constituée de l’assemblée de ceux et celles qui y prient.

Dans l’île de Noirmoutier, l’Église (avec un grand E) est rendue visible par la paroisse. La paroisse est rendue visible par cinq bâtiments-églises. Mais le vrai sanctuaire n’est pas en pierres. C’est un corps vivant, celui que nous formons, corps du Christ pour le monde. Notre mission – si nous l’acceptons – est de permettre à la source vive qui est dans nos fondations spirituelles de devenir un fleuve. Pour notre joie et pour la prospérité, la santé et joie de ceux et celles qui résident sur l’île, quelle que soit la saison.

L’église du Latran a bien changé au cours des siècles. Fêter sa construction première – la nôtre viendra bien après – c’est fêter la nouvelle et permanente implantation de la présence de Dieu dans la société des hommes, c’est fêter l’assemblée chrétienne, autrement dit l’Église (avec un grand E) qui répond à l’espérance des foules. C’est nous fêter et raviver notre mission. (Gérard Billon, curé)

2 novembre : L’espérance chrétienne

Hier, par neuf fois, Jésus nous a révélés que nous étions les habitants du Royaume des cieux. Il ne faut que se laisser entraîner par le bonheur de cette identité pour en développer des harmoniques de cœur, de justice, de miséricorde, de paix et d’harmonie. À ses disciples persécutés, il promet une récompense. Chaque dimanche, l’espérance en est anticipée puisque nous sommes invités et nous communions « au repas des noces de l’Agneau ».

Dans le Royaume des cieux, Jésus est avec nous. Avec nous, les vivants et les morts. Les morts qui ont traversé la « grande épreuve » ou tout simplement la vie ordinaire. Nous, les vivants, qui sommes confrontés à la « grande épreuve » qui est le refus, par ce monde, de l’amour. Nous qui sommes maladroits devant les choix de la vie ordinaire.

Entre les vivants et les morts, il y a un voile, celui de la séparation, des larmes et des souvenirs.  Le voile sera levé lorsque nous participerons au grand et joyeux banquet universel entraperçu par le prophète Isaïe. Et tous, nous chanterons : « Voici notre Dieu, il nous a sauvés ! »

Avant le banquet universel, repas des Noces de l’Agneau, il y a eu le dernier repas de Jésus avec ses disciples. Repas de mort et de vie où se concentre le salut de Dieu. Et dont nous faisons mémoire. Les disciples sont bouleversés. Jésus leur offre alors ce qui seul reste lorsque tout semble perdu : l’espérance. Que ce soit à travers la « grande épreuve » ou dans les choix de la vie ordinaire, tout ce qu’il a vécu forme une suite de petits points qui se dirigent vers Dieu son Père en son Royaume. L’espérance, c’est cela : tout ce que nous vivons sont des petits points qui forment la ligne qui se dirige vers Dieu notre Père.

Nous sommes destinés à mourir, mais, enveloppés par l’Esprit saint, la ligne que traçons au jour le jour suit un chemin invisible : Jésus. Jésus est le Chemin. Jésus nous nourrit de sa Vie sur ce chemin. Jésus est la Vérité qui entretient notre espérance.

Nos amis, nos parents qui sont morts connaissent le bout du chemin. Ou plutôt, comme nous et avec nous – nuée invisible – ils attendent le moment final où ce monde craquera pour que vienne le Christ en gloire. Dans l’espérance de sa venue, il nous laisse sa paix, il nous donne sa paix. (Gérard Billon)

 

Toussaint : Le bonheur du Royaume des cieux

Dans le Royaume des cieux, quelle autre récompense que de voir Dieu, de chanter sa gloire avec les anges et les saints, et de participer, avec eux,  aux noces de l’Agneau ? Et, déjà, ne sommes-nous pas invités à participer « au banquet des noces de l’Agneau » ?

« Heureux les pauvres de cœur, car le Royaume des cieux est à eux ». Jésus proclame huit souhaits généreux. Il ne fait pas une promesse pour un futur au-delà de la mort. Il fait une révélation pour le présent : le Royaume des cieux est là, autour de vous, vous en êtes les habitants, vous les « pauvres de cœur » quels que soient votre milieu, votre âge, votre nationalité, l’opinion que l’on a de vous. La pauvreté du cœur n’est l’apanage d’aucune religion, d’aucune spiritualité, et ne tient à aucun mérite…

Sommes-nous des pauvres de cœur ? Si oui, le bonheur est là. Nous habitons le Royaume des cieux. Tenons-nous mordicus à la justice ? Si oui, le bonheur est là. Le Royaume est déjà là, invisible et réel et nous sommes « enfants de Dieu » malgré le brouillage des ambitions et des jalousies.

Nous habitons le Royaume des cieux et nous sommes malheureux de ce monde-ci. Non pas à cause de nos actes manqués ou ratés (notre regard se tournerait alors vers nous) mais parce que notre monde manque de cœur, de douceur, de justice, de miséricorde, de pureté, de paix (notre regard est alors tourné vers les autres). Heureux ceux qui pleurent non pas sur eux-mêmes mais sur le monde et qui mettent en œuvre leur identité divine : artisans de paix, de justice, de miséricorde – le tout avec humilité…

Des hommes et des femmes vivent cette douleur et ce combat hors du judaïsme et du christianisme : loué soient-ils ! Ils habitent eux aussi Royaume des cieux.  « Mais alors, nous, les chrétiens, qui avons tout quitté pour te suivre, qu’est-ce qu’on a de plus ? » « Rien, répond Jésus. Ah si : heureux êtes-vous si l’on vous insulte à cause de moi ! »

« À cause de moi. Heureux êtes-vous non pas pour avoir crié “Seigneur, Seigneur” et multiplié les prières, les processions et les pèlerinages. Ces actions sont belles, mais seulement si elles sont articulées sur l’essentiel : à savoir la recherche active du “Royaume de Dieu et de sa justice”. En agissant en fils et filles du Royaume, vous aurez dérangé tous ceux et celles qui bénéficient de l’injustice établie… Ils vous persécuteront parce que par-delà les opinions, les nationalités, les cultures, les mérites, vous aurez privilégié la vie, la fraternité, l’identité première d’enfants de Dieu. Toutes choses que certains trouvent naïves et ridicules… »

Combien sont-ils à avoir vécu le bonheur paradoxal de la dernière béatitude ? Les saints qui nous entourent l’ont vécu intensément. Certains en sont morts, persécutés, martyrisés. Et puis, il y a tous les anonymes ; il doit bien y avoir quelques-uns de nos parents, de nos amis. Dans la vision de l’Apocalypse, ils sont debout devant le trône de Dieu en train de chanter. Dans le Royaume des cieux, ils sont au départ ou au milieu et nous à la fin. Nous nous associons à leur chant parce qu’aujourd’hui nous nous associons à ce qui a été leur soif de justice, de cœur, de douceur, de miséricorde, de pureté, de paix. (Gérard Billon)