Paroisse Saint-Philbert-en-Noirmoutier
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Homélie du dimanche

Bulletin Le Noroît

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29e dimanche temps ordinaire: une société de services

Ce que Jacques et Jean demandent, ils ne l’auront pas. À droite et à gauche du trône de gloire, la croix sur le Golgotha, il y aura deux bandits. Que voulaient-ils ? Peut-être une reconnaissance pour bons et loyaux services rendus à Dieu. Ils ont tout quitté et accepté l’aventure du Royaume de Dieu dans l’incertitude, l’improvisation, avec des rencontres fortes mais aussi du rejet.

Notre Église catholique est une société de services. Issue de ce monde, elle en reproduit les dynamismes mais aussi les fractures. Pour se frayer un chemin, elle en imite le fonctionnement. En se calquant sur le système féodal, elle a ainsi développé un imaginaire monarchique, avec ses rituels institutionnels et liturgiques, en estompant le souffle communautaire et fraternel. Par étapes, elle se ressaisit. On appelle cela des réformes. Le pape n’est pas un roi et nous ne sommes pas muets. Du concile Vatican 2 au synode qui se termine, l’imaginaire monarchique se fissure devant l’écoute, le dialogue – et le dialogue ne vas pas sans conflits – le discernement.

Nous appartenons à une société de services. L’offre est diverse, infinie, démesurée. Jacques, Jean, vous voulez un travail à responsabilité et la médaille du mérite ? Le poste de domestique, çà vous convient ? Il faut se faire discret, avoir l’œil partout, intervenir sans se faire remarquer tel un serveur, une serveuse de bar, de restaurant. Et il ne faut pas espérer avoir de merci. Et il faut supporter les moqueurs et les râleurs.

« Invitez tout le monde à la noce ! » dit le slogan de la Semaine missionnaire qui se termine. Tout en répondant à leurs besoins, le service premier à rendre aux gens du dehors est de leur annoncer que même s’ils ignorent plus ou moins Dieu, celui-ci les connaît, les aime, les grandit. Dieu regarde avant tout le meilleur d’eux-mêmes et non pas leurs défauts et leurs écarts.

Tout rassemblement du dimanche dit, symboliquement la vérité de l’Église. Il n’y a pas de messe sans assemblée. L’Église rassemble les membres du corps du Christ. Et chacun y assure un service. Tout d’abord, l’offrande que le Christ fait de lui-même, concentration de don, de douleur et de joie, nous renouvelle. Les services se diversifient : équipes liturgique, animateur, musicien, servants d’autel, sacristains, quêteurs. Sans oublier les balayeurs ou les ouvriers qui travaillent actuellement sur le parvis ou le baptistère. Il y a les lectures, la prière universelle, la distribution du pain eucharistique. Et pour qui pense qu’il n’a pas de rôle, il y a la participation aux prières et au chant, ne serait-ce que le simple et vibrant « Amen ! » qui va chercher en nous-mêmes l’accord profond avec celui qui est notre maître, « le » Serviteur par excellence, le Christ de Dieu. Ce que nous vivons ce matin est une image de l’ensemble de l’Église où chacun est au service des autres et de la mission. Et moi comme une sorte de maître d’hôtel – H.Ô.T.E.L. –, chrétien avec vous et parce que je suis au milieu de vous, mon service est d’offrir pour la multitude le « sacrifice de réparation », c’est-à-dire l’acte par lequel le Christ répare la relation blessée entre nous et Dieu – et Dieu sait si elle est blessée aujourd’hui.

Cet acte nourrit, conforte, console, donne de la force et de la joie à nous tous. Repas de noce. Pour en inviter d’autres. Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau !

Je conclue. J’imagine Jacques et Jean qui se reprennent et disent à Jésus : « On a quelque chose à te demander, mais il faut que tu dises oui. Voilà, tu vas donner ta vie pour que la multitude ait « la » vie. Nous, on n’en est pas capable. On sait que là, se joue notre libération, notre bonheur, le sens à donner à notre vie. Alors, on laisse la place à droite et à gauche à ceux que tu voudras. Nous, on veut être des domestiques, on veut préparer la table, inviter, servir. Et tant pis pour les mercis et les persécutions. Permets-nous d’être les serveurs et les serveuses du Royaume de Dieu. » Et Jésus de répondre : « Oui. Merci  » (Gérard Billon)

 

 

28e dimanche du temps ordinaire : une vie comblée

Lorsque quelqu’un meurt à un âge avancé, on dit parfois « il ou elle a eu une vie bien remplie ». C’est-à-dire qu’il ou elle s’est démenée dans son travail, dans sa famille, la commune, l’Église, la société. Généreux, accueillant, actif…

Ils, elles ont eu une vie bien remplie. Nous ne sommes pas dans le secret de leur cœur, mais par quoi était-elle remplie ?

L’homme riche de l’évangile avait une vie bien remplie, réglée par les commandements, les « Dix commandements » donnés par Dieu lui-même à son peuple. Ce qu’il faut faire, ce qu’il ne faut pas faire pour vivre en fraternité. Mais, quelque chose en lui disait que çà ne suffisait pas. Vie bien remplie, oui, mais pas totalement. Jésus l’admire, Jésus l’aime – certes pour sa justice, sa générosité mais aussi pour sa question, son inquiétude, sa conscience que sa justice ne le comble pas. Pour combler ce manque, il lui propose donc : « Va, vends, donne… »

Quitte toi-même, la bonne image de toi-même, lève les yeux, regarde les pauvres, ceux et celles qui n’ont pas ta sagesse, tes compétences, qui n’arriveront jamais à ta cheville, ceux et celles qui sont toujours en infraction par rapport aux commandements de Dieu. Laisse-les entrer dans ta vie. Donne-leur tes efforts, tes qualités. Donne-leur ta justice, ta bonté…

« … et puis, viens suis-moi. » En me suivant, tu les retrouveras tous ceux et celles qui ne te ressemblent pas. Ils seront ton pays, ta famille…

Abandonner la bonne image qu’il avait de lui-même, c’est ce qu’a vécu saint Paul sur le chemin de Damas. Quitter les images d’héroïsme qu’elle avait d’elle-même, c’est ce qu’a fait Thérèse d’Avila. Quitter son confort, c’est ce qu’a fait François d’Assise. Quitter une vie bien réglée de communauté religieuse pour servir les pauvres, c’est ce qu’a fait Sœur Emmanuelle. Marcher sur un chemin où l’on risque sa vie, c’est ce que font les défenseurs des Droits de l’homme. Abandonner les livres et l’exercice du pouvoir c’est ce qu’a fait Saint Philbert.

Une vie bien remplie est sans doute une vie où l’on fait le vide. Alors les autres, des centaines, des milliers, pourront y trouver de la place. Alors Dieu pourra y trouver sa place. Et s’il a une place, même petite, quelque part pas loin de notre cœur, alors il pourra impulser du sang neuf. Il pourra nous faire voir le monde par ses yeux de Père attentif, de créateur de vie.

Et nous découvrirons la richesse qu’il y a à être pauvres de cœur ! (Gérard Billon)

 

27e dimanche du temps ordinaire : homme et femme

La 1ère lecture ainsi que l’Evangile que nous venons d’entendre, nous parlent de l’éternelle question de la relation entre l’homme et la femme.

Toutes les cultures humaines, toutes les civilisations ont eu à prendre position à son propos. Aujourd’hui Metoo, Burga, théorie du genre, des procès retentissants, tout cela travaille profondément nos sociétés sur ce sujet ! Un film iranien très récent : “Les graines du figuier sauvage”, montre avec réalisme un avatar de cette relation. Alors si vous voulez bien nous allons voir que la 1ère lecture nous dit que l’homme et la femme sont parfaitement égaux, mais qu’ils restent un mystère l’un pour l’autre. Ensuite l’Evangile, nous montrera que Jésus est Celui qui leur permet de se rencontrer. L’homme et la femme sont parfaitement égaux, mais ils restent un mystère l’un pour l’autre ! En créant Adam, Dieu a créé non pas l’homme, mais l’être humain, il est un être complet, d’autres diraient hermaphrodite, constatant qu’il n’est pas bon qu’il soit seul. Dieu décide de lui donner un vis à vis, une relation à égalité ! Pour créer la femme il va prendre de la chair du côté d’Adam, laissant le masculin demeurer en lui. Au lieu du traditionnel mot “côte” que nous avons entendu dans la traduction liturgique : la fameuse “côte d’Adam”. L’utilisation de mot “côté”, le côté d’Adam est la juste traduction du texte hébreux nous disent la majorité des spécialistes. Cette traduction a aussi pour conséquence d’éliminer toute ambiguïté concernant une supposée supériorité du masculin sur le féminin. Sur la base donc d’une parfaite égalité, la première rencontre se passe très bien : l’homme est ébloui, il a comme un “coup de foudre” ; mais curieusement il ne s’intéresse pas à la femme qui lui est présentée. Il ne lui demande pas : Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Que souhaites-tu faire ? Non, il dit : “cette fois-ci voilà l’os de mes os, la chair de ma chair”. En fait il reste centré sur lui-même. Il voit la femme comme son propre prolongement. Quant à la femme, elle ne dit rien, elle non plus ne pose pas de question. Les cœurs sont durs, centrés sur eux-mêmes. Alors ils demeurent un mystère l’un pour l’autre. Comment vont t-ils pouvoir “faire une seule chair” comme le propose Jésus ? Que c’est Lui Jésus qui va leur permettre de le faire : Moïse comme toutes les cultures et civilisations règlent le rapport de l’homme et de la femme par des lois. Ce sont là des dispositions utiles pour éviter l’anarchie et proposer d’imparfaites solutions aux conflits. Mais les lois ne peuvent pas transformer les cœurs ! Et les cœurs sont faibles, ils se ferment rapidement : la blessure de trop engendre un réflexe de défense, et la relation se dégrade. Jésus est Celui qui peut apprendre à aimer parce qu’il est un modèle, mais beaucoup plus encore parce qu’il a le pouvoir de donner la force d’aimer. C’est en vivant un cœur à cœur avec Celui qui a été jusqu’au bout de l’amour, que nous pouvons aller plus loin que l’amour passion, plus loin que l’amour amitié, que nous pouvons aller jusqu’à aimer comme Dieu aime. Demandons, et nous recevrons. C’est très précisément la démarche dans laquelle se sont engagés les parents de Léo en demandant pour lui le baptême aujourd’hui.

La conclusion, nous est proposée par l’Evangile : “Laissez les enfants venir à moi car le Royaume des Cieux est à ceux qui leur ressemblent. L’enfant est celui qui vit sereinement la dépendance, et c’est cette dépendance qui lui permet de grandir. Acceptons d’être sereinement dépendant de l’amour de Jésus, et nous grandirons en amour ! C’est le vœux que nous formulons pour Léo à l’occasion de son baptême aujourd’hui. (Henri Miailhe)