Paroisse Saint-Philbert-en-Noirmoutier
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22e dimanche du temps ordinaire. Honneur et abaissement

Par convention, les premières places vont aux gens que l’on veut honorer… C’est le cas pour toute célébration officielle, pour les tribunes d’un match sportif, pour les repas de mariage et même, autrefois, dans les églises où il y avait des chaises ou des bancs réservés.

Au fait, pour nous, dans quelle catégorie situons-nous Jésus ? Dans celle des gens importants que l’on veut honorer ou dans celle des gens qui “ne comptent pas” (ou peu) ? Pour chacun de nous il compte ! Il est important. Mais en même temps il se met du côté des serviteurs – ce qui était le cas dimanche dernier – et des laissés pour compte…

J’en tire une première conclusion : contrairement à la société il n’y a pas de préséance dans l’Église. Et je crois même que Jésus nous invite à mieux voir les petits, les gens sur lesquels parfois glisse notre regard. Il nous invite à les regarder eux et non à le regarder lui, même et surtout si nous pensons que lui seul compte… Il nous dit que n’importe qui est plus important que lui !

Les premières places – premières selon l’opinion commune – seraient même en quelque sorte dangereuses pour celui ou celle qui joue des coudes pour les avoir ou qui pense qu’il va de soi qu’on en attribue une. On peut être délogé – gentiment, fermement – par le maître de maison.

« Qui s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé ». Christ est une personnalité très importante car il s’est « abaissé ». Lui – dont la vie et la mort disent Dieu – s’est abaissé afin de dialoguer avec nous. Lui considère aujourd’hui que chacun de nous est supérieur à lui-même. Lui a pris la dernière place. Il a été rejeté, arrêté, jugé, condamné, crucifié entre deux bandits.

Il y a là un chemin de sagesse. Le vieux Ben Sirac, ce professeur caustique qui vivait à Jérusalem 200 ou 300 ans avant Jésus, prévenait ses élèves : « Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser. » Et il ajoutait : « La condition de l’orgueilleux est sans remède. »

Il y a de l’orgueil qui ne dit pas son nom. Quand vous leur partagez des choses qui vous tiennent à cœur, vous avez parfois des gens qui vous disent : « Ah, ben c’est comme moi… » ou « Moi aussi, il m’est arrivé de… » Vous vouliez parler un peu de vous et ils vous parlent longuement d’eux, vous obligeant du coup à une humilité… forcée. La véritable humilité est un choix, une décision, un combat contre soi-même, contre ce Moi qui aimerait être le centre du monde. Jésus le vivra au jardin de Gethsémani : « Non pas ma volonté, mais la tienne ». Jésus s’abaisse, se dépossède de son Moi pour tout remettre tout à Dieu son Père.

Ainsi, au cœur de notre quotidien, se dessine la vraie humilité. Elle ne se complait pas dans les rebuffades ou les épreuves. Elle n’est pas non plus recherche systématique de la dernière place. Elle est participation à l’œuvre de Dieu, œuvre de salut, bonheur de l’humanité, une tâche et un rôle qui nous dépasse de beaucoup. Auxquels nous sommes invités en communiant, dans l’eucharistie, au don que le Christ fait de lui-même. (Gérard Billon)

 

21e dimanche du temps ordinaire : la porte étroite et la justice

« Éloignez-vous de moi, vous qui commettez l’injustice » Qu’est-ce que l’injustice qui nous empêcherait de participer au repas eucharistique ? Qu’est-ce que la justice, justice qui naît de la participation au repas eucharistique ? Pour avancer une réponse, il faut passer par l’image de la « porte étroite ».

Il y a, semble-t-il, plusieurs portes pour entrer dans la salle du banquet final. Il y a les larges portes, grandes ouvertes. Qui passe par là, je ne sais… Elles sont au moins le signe du large accueil de l’amour divin.

Et, ajoute, Jésus, il y a une petite porte. Pas deux, pas trois, une.  J’imagine que c’est celle des fournisseurs. La porte de service, la porte des serviteurs. La porte du seul Serviteur, Jésus. Au service du seul maître, Dieu son Père. Jésus, que rien ne distingue des serveurs et des serveuses, puisqu’il s’est fondu parmi eux.  

Avant de le rencontrer dans la salle de réception – la salle du banquet du Royaume – il nous attend près de la petite porte. Comment le reconnaître parmi tous ceux qui entrent et qui sortent, les serveurs, les serveuses ? Pour le reconnaître, il nous faut quitter, provisoirement, le statu d’invités de marque – ce que nous sommes par le baptême – pour adopter la tenue des serveurs et des serveuses au milieu desquels s’affaire Jésus.

Je reviens maintenant à la « justice ».

Si nous passons la porte étroite, la « justice », me semble-t-il, consiste à s’ajuster à l’attitude de Jésus serviteur et de commencer, comme lui, un serveur : un serveur qui voit, regarde, entend et parle à bon escient, tout à la joie de servir, de procurer de la joie à ceux qu’il sert.

Par contrecoup, commettre l’injustice serait ne pas voir, dédaigner les autres, faire mine de ne pas entendre leurs demandes, les leurs et celle de Dieu, refuser de réponse, de donner de l’espoir, de la joie à ceux et celles qui ne sont pas là, pas encore.

Ce matin, par notre rassemblement, nous anticipons le banquet du royaume de Dieu. Dieu nous reçoit en nous donnant un cadeau immense, préparé par le Christ son Serviteur : le pain qui nourrit, fortifie et qui a le pouvoir ouvre les yeux des aveugles, il fait entendre les sourds, il ouvre la bouche des muets.

Et nous découvrons que nous sommes, par le baptême, les serveurs et les serveuses de la joie de Dieu. Et nous découvrons qu’en entrant la petite porte, la porte étroite, nous avons pris, en fait, la porte royale. (Gérard Billon)

 
 
20e dimanche ordinaire – la paix et la division

Jésus nous dit qu’il apporte la division – ce qui est paradoxal. N’est-il pas le « prince de la paix ? Une prière eucharistique ne dit-elle pas qu’ « Il est la parole qui sauve les hommes, la main que Dieu tend aux pécheurs, le chemin par où nous arrive la véritable paix » ?

La « véritable » paix. Non pas la paix des équilibres géo-politiques. La paix profonde, des individus sûrement, et des sociétés de façon plus utopique. Elle est rejetée par ceux et celles dont la volonté de pouvoir, la certitude d’avoir raison, divise. Prenons la première lecture : il y a Jérémie, le roi Sédécias, les princes conseillers du roi et un serviteur étranger (éthiopien), Ébed-Mélek.

Selon les conseillers du roi, Jérémie démoralise le peuple. Or un prophète rappelle ET l’engagement de Dieu ET les engagements de son peuple. Sa mission est de rassembler, de retisser les liens avec Dieu. Les conseillers, eux, placent Dieu en arrière-plan. Au premier-plan, la volonté de maintenir le peuple dans la docilité – et donc l’ignorance. Ils font pression sur le roi, ils isolent Jérémie. Les vrais diviseurs ce sont eux. Celui qui va sauver Jérémie est un fonctionnaire étranger : il cherche la « véritable paix ». Par sa demande au roi, il s’oppose aux conseillers, il se sépare d’eux, il montre que leur décision mène à la mort et il permet au roi de d’être roi, de prendre une décision juste… Il a dressé le roi contre ses conseillers. Une opposition risquée, vitale, nécessaire.

Brièvement, disons que le roi Sédécias représente le pouvoir, civil ou religieux. Jérémie, lui, est une figure de Jésus en tant qu’il veut rassembler les brebis dispersées et que cela provoque des clivages chez nous. Nous, parfois, ne sommes-nous pas comme les conseillers du roi ? nous nous décourageons, et par peur ou par malaise, nous prenons des décisions, personnelles ou communautaires, blessantes pour d’autres. Ces décisions, dans la société et dans l’Église, divisent : nationalisme, racisme, retour sur soi, pouvoir sur les consciences, tradition figée, raidissement des convictions de foi… Jérémie, Jésus en sont les victimes.

Ébed-Mélek devient alors la figure du disciple du Christ, acteur de paix. Il est notre ancêtre. Il a écouté le prophète. Nous avons écouté la parole de Jésus, la parole de feu qui brûle en notre intérieur. Cette parole est rejetée par certains, mais pas par nous. Nous nous opposons à ceux qui ont peur, nous mettons en avant la vie, l’espérance, l’amour (malgré tout). Il a fallu du courage à Ébed-Mélek pour aller voir le roi. Nous savons que lors du procès de Jésus, Pierre et les apôtres ont manqué de courage. Mais, une fois l’échec traversé, fort de la foi en Jésus ressuscité, le courage, ils l’ont décuplé.

Dernier point : c’est sans violence et en faisant appel à la raison qu’Ébed-Mélek obtient du roi la vie de Jérémie. « C’est mal… il va mourir de faim… » Ébed-Melek argumente. C’est sans violence et en faisant appel à la raison que nous sommes appelés à montrer notre différence. L’amour ne s’impose pas par la force. Les conseillers se déchainent contre Jérémie, contre le roi, les enfants contre leurs parents. Mais les ennemis d’aujourd’hui peuvent être les amis de demain.

La grande leçon d’aujourd’hui, c’est que la violence évangélique a sa source, non pas dans le désir d’avoir raison ou de renvoyer dans les cordes, mais dans la force incontestable et contestée de la douceur…

Le feu de l’Évangile n’est pas un feu ravageur au-dehors, c’est un feu à combustion lente à l’intérieur. Il faut le laisser détruire en nous, lentement, sûrement, la volonté de tout maitriser, la peur, l’angoisse, la lâcheté… (Gérard Billon)

 

19e dimanche ordinaire. Habiter la promesse

« La foi est une façon de posséder ce qu’on espère… » « Grâce à la foi, Abraham vint séjourner en immigré dans la Terre promise, comme en terre étrangère. » 

Abraham et Sara n’ont pas encore de sol où se fixer. Ils ont une tente qu’ils montent et démontent. Aucune habitation en dur. Dans leur précarité, que possèdent-ils ? La joie de l’espérance. Espérer un pays, espérer un enfant. La perspective les tire en avant. Mais cette espérance n’est-elle pas illusoire ? Une manière de de dépasser la dure réalité de la précarité ? Non, car, avant le pays, bien avant, l’enfant viendra. Isaac sera le signe que la promesse est en train de s’accomplir.

Isaac est un don du Seigneur, un don qui a pris à bras-le-corps (si je puis dire) les existences d’Abraham et de Sara. L’enfant est là malgré la vieillesse des corps ! S’il en est ainsi, alors l’autre promesse, celle de la terre, ne peut que s’accomplir elle aussi. Cela prendra plus de neuf mois, des années, des centaines d’années peut-être, mais elle s’accomplira. Et cette perspective procure déjà de la joie, la joie de posséder, maintenant, en quelque sorte, ce qu’on espère… Croire rend heureux.

Nous espérons beaucoup de choses : la paix, la justice sociale, la fin de la guerre, de véritables changements de vie pour un équilibre climatique. Nous espérons être aimé et avoir quelqu’un à aimer. Nous avons l’espoir de passer un bon été. Petites ou grandes, toutes choses belles et bonnes. Il ne tient qu’à nous qu’elles deviennent promesses de Dieu… Elles ne le sont pas d’emblée. Pour certaines, elles sont le résultat de nos efforts, bien sûr. Abraham a dû se bouger ! Il leur reste à entrer dans la grande, dans l’unique espérance. Il nous reste à les recevoir comme des traces posées par avance de la bonté de Dieu, comme des ouvertures sur un avenir plus vaste, plus lumineux…

Selon l’évangile, il y a une seule promesse : le Christ va venir, à la fin des temps, à l’improviste, « comme un voleur ». Telle est notre grande attente. Si nous y inscrivons nos espoirs, nous recevrons ceux-ci comme des dons, comme des cadeaux. Les résultats de nos attentes, attendus ou inattendus, ne seront plus uniquement le fruit de nos efforts, mais des avant-goûts de la venue ultime du Ressuscité.

Nous les recevons en « gens de passage » et non en propriétaires, en serviteurs et non en maîtres. Notre foi est une manière de nous tenir les yeux levés vers la venue du Fils de l’homme. Abraham a « habité » la terre promise en résident de passage. Il a habité « sa » terre comme si ce n’était pas la sienne. Elle ne lui appartenait pas. Nous habitons ce temps et de lieu, comme si nous ne nous possédions rien, en voyageurs de l’espérance, joyeux de la venue impromptue du Christ à la fin des temps, venue qui est promesse, promesse qui se réalise déjà dans nos actions. (Gérard Billon)