Paroisse Saint-Philbert-en-Noirmoutier
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Mois de mai, mois de Marie

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Homélie du dimanche

Bulletin Le Noroît

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Ascension : commencement de la fin des temps

On peut être amis de Jésus, faire partie de ses compagnons fidèles, avoir été catéchisé par le Ressuscité, le reconnaître Fils de Dieu et sauveur du monde… et, néanmoins, se tromper encore sur l’Évangile, sa largeur, sa profondeur, sa vérité.

Ainsi, selon la première lecture, les apôtres, nos modèles, ont-ils gardé une vision étroite du royaume de Dieu. Ils semblent le confondre avec un royaume de type terrestre. Ils parlent de le « rétablir ». Non pas de l’« établir ». Dans rétablir, j’entends « restaurer » un royaume disparu avec ses repères et ses valeurs, « relever » ce qui s’est effondré dans le cours de l’Histoire, j’entends l’expression d’une nostalgie pour le passé. Or, Jésus n’est pas venu « rétablir » ce que nous avons connu. Il est venu « établir » un royaume nouveau. Nous n’en sommes pas les maîtres. Alors, avant de partir, Jésus prend soin de nous dépouiller : « ne vous préoccupez ni de la venue du Royaume de Dieu ni de la fin des temps ». L’avenir n’est pas incertain, il est inconnu et nous y avançons dans la foi et l’espérance La dimension universelle du Royaume secoue nos frilosités. La Royaume est aussi vaste que la création et nous n’avons pas fini de courir « jusqu’aux extrémités de la terre ».

Le Royaume est là. La fin des temps est notre horizon : nous attendons la venue glorieuse du Christ aujourd’hui à la droite de son Père. D’ici là, vivons, agissons, témoignons, allons de l’avant… De quoi témoignons-nous ? Sinon de la grandeur et la bonté de Dieu. Sinon de sa victoire du Christ sur la mort. Sinon de l’espérance où le passé plonge dans l’avenir : « nous attendons que tu viennes » chantons-nous au Christ lorsque nous faisons mémoire, dans l’eucharistie, de sa mort et de sa résurrection.

Donnons au monde des points de repères : sur la sauvegarde la paix et de la planète, sur la transition écologique, sur les débats sur la vie et la fin de vie. Ce n’est pas en toutes lettres dans les textes évangéliques, mais l’Évangile est là pour que nous regardions en face les dangers et les maladies. Et notre foi, à défaut de soulever les montagnes, peut soulager les malades et mettre du baume sur les malheurs du temps.

Partageons nos convictions pour une économie plus solidaire, une vie en société plus fraternelle. Nous tenons à la vie, menacée mais si belle. Nous défendons la dignité de toute personne, en particulier les plus fragiles. C’est de notre responsabilité de le dire et de le montrer. Et surtout de montrer que ces réflexions, ces actions nous rendent heureux.

Nos actions, nos réflexions ne sont pas toujours comprises par la société. Il nous faut donc les reprendre, les reformuler, et, en les reformulant, nous les passons au crible de l’Évangile. Que notre manière d’annoncer l’Évangile soit en accord avec l’Évangile, sans violence, sans amertume, avec patience, avec humilité, douceur et bonté…

Bien des gens ont soif d’absolu, soif de Dieu. Le Christ nous envoie vers eux. Les extrémités de la terre commencent dès que nous franchissons le seuil de cette église pour aller dehors… (Gérard Billon)

 

6e dimanche de Pâques : amour et oubli de soi

« Aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu ».

« Aimons-nous les uns les autres… » À cela, on résume le christianisme. Et non sans raison. Cependant, la première lettre de Jean ne parle pas d’abord de la bonne entente entre personnes, de l’amitié, de la passion amoureuse, du soin que les parents prennent de leurs enfants ou de la gratitude des enfants. Elle parle de ce qui est présent en tout cela et qui en est la source, consciente ou non : l’oubli de soi pour le bien de l’autre, pour le bonheur de l’autre… Oubli de soi qui, d’ailleurs, par un juste retour, nous fait tenir, grandir…

« …puisque l’amour vient de Dieu ». Le premier de tous, Dieu, créateur de l’univers, nous donne ce qui peut nous faire grandir et nous rendre heureux. Nous sommes tous ses enfants, que nous ayons 7 ou 77 ans. Il y a l’univers, la nature, le soleil et la pluie, il y a sa Parole, il y a son Fils. Sa générosité est sans limite. En son Fils Jésus, il a tout donné de lui-même. Pour nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés, Jésus nous a laissé… lui-même. C’est cristallisé chaque dimanche dans quelques mots et dans un peu de pain offert qui actualise le don total de lui-même sur la croix.

Quelques mots et un peu de pain pour aimer. Pour aimer avec lui, par lui, en lui.

Les mots sont offerts. Souvent à perte : ils entrent par une oreille et nous les faisons sortir par l’autre. Parfois, nous les retenons. Dans le silence de nos cœurs, ils se déposent lentement et une phrase, une formule, une image prend racine, promesse de changement et de lumière dans nos vies.

Le pain est offert. Nous offrons le « fruit de la terre » et le « fruit de la vigne » tous deux « fruits du travail des hommes ». Dieu nous les redonne, transformés de façon invisible par son travail à lui. Travail aimant. Quand nous recevons ensuite le pain, dans l’acte de communion, c’est son histoire d’amour à laquelle il nous fait participer.

« … L’amour vient de Dieu » : cette conviction anime le choix des textes entendus dans la liturgie. Chaque dimanche, c’est un petit aspect de cet immense amour qui est souligné, partagé. Aujourd’hui, il y a l’oubli de soi de Jésus, son désir d’intimité, la liberté joyeuse qu’il veut nous faire partager ; il y a l’humilité de Pierre « je ne suis qu’un homme » dit-il à Corneille qui, un peu perdu, a la tentation de le sacraliser… comme nous avons la tentation de sacralise le pape ou les prêtres. Les seuls qui devraient être sacralisés sont les petits et les pauvres…

« … L’amour vient de Dieu » : déjà transformés (un peu) par la Parole reçue, nous rendons grâce pour ce que nous ne pouvons saisir d’un coup : l’immensité de l’amour de Jésus qui s’est donné jusqu’au sang. Nous ne pouvons pas le saisir, alors il s’approche de nous, il se donne à nous. Acte de communion. Nous entrons dans l’oubli de lui-même manifesté sur la croix. Et aujourd’hui, nous recevons l’humilité de Pierre. Pierre a été rendu fraternel envers Corneille, un homme dont tout le sépare et à qui il n’aurait pas dit bonjour s’il l’avait croisé dans la rue. Pierre a été rendu ouvert à la profondeur invisible de Dieu qui est « impartial ». Pierre s’est oublié pour laisser passer l’Esprit du Dieu vivant. Suivons-le. (Gérard Billon)

 

5ème dimanche de Pâques : porter du fruit

Dieu notre Père est un vigneron, travailleur, attentif. Jésus est la vigne. Nous sommes les sarments. Nous portons du fruit (ou nous n’en portons pas). À quoi çà tient ?

La réponse est dans la Première lettre de saint Jean. Porter du fruit tient à garder, observer, reprendre, approfondir « le commandement de Dieu », lequel est double. On attendrait « aimer Dieu et son prochain » mais on a : « mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres ». Aimer Dieu et son prochain est la vocation humaine. Mettre notre foi en Christ et nous aimer les uns les autres est la vocation des disciples, la vocation ecclésiale, laquelle est au service de la vocation humaine.

La Lettre de Jean en fait un refrain. Si elle se répète, c’est que les chrétiens auxquels elle s’adresse n’arrivaient pas à s’aimer… Leur amour mutuel est handicapé parce que leur foi en Jésus est faible. Une faiblesse qui, paradoxalement, tient en la haute idée qu’ils se font de Jésus. Délaissant la foi reçue des apôtres, ils se sont fabriqué leur propre Christ, un Christ tellement divin qu’il n’est plus humain ! Que le Fils de Dieu ait été un être humain avec limites et faiblesses, çà le dépasse. Certains pensent même que, sur la croix, Jésus n’a pas vraiment connu la mort. Conséquence dramatique : en oubliant l’humanité du Christ, ils en oublient notre « humanité », notre poids de chair et d’esprit. Oh, ils adorent Dieu – ou plutôt ils croient l’adorer avec génuflexions, encens, chants et prières multipliées ! Mais en fait, ils sont secs, peu sensibles aux malheurs du monde, aux joies et aux peines des autres.

Notre humanité, à l’exemple de  celle du Fils de Dieu, se vérifie dans le souci des plus faibles, dans l’intérêt pour le bien commun. Le repli sur soi, individuel, social, politique est contraire non seulement à la charité, mais à la foi. Il nous assèche. Et les sarments secs servent seulement pour une bonne flambée… Pour garder et développer la sève humaine – humaine à la manière du Christ –, il ne suffit pas de prétendre « aimer » les autres et les servir – ce qui est déjà beaucoup. Non, nos actions ont besoin d’être vérifiées par notre foi en Jésus le Christ vrai Dieu, vrai homme. Notre générosité vient de nous (un peu) mais surtout de lui.

Dieu notre Père nous taille, nous dépouille. Il ramène à l’essentiel à savoir l’Évangile. Non pas le livre, mais la personne du Christ, lequel est Parole de Dieu. Il nous donne son corps pour que nous devenions son corps, corps pour le monde ! Qu’il s’agisse de la sauvegarde de la planète, de notre rapport avec nos frères et sœurs juifs, de notre attitude devant la fin de la vie ou des élections européennes, rien de ce qui est humain ne nous indiffère. Ou alors, notre foi est nulle.

Il est impossible qu’elle soit nulle. Puisque ce matin, nous sommes là. Et l’Esprit saint nous renouvelle, Dieu le Père nous taille, nous émonde, Jésus le Christ nous donne, sa sève, sa vie. (Gérard Billon)