éditorial décembre 2025« … Elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (Luc 2, 7). Ainsi, dès le début, Jésus partage le sort de ceux et celles qui sont mis de côté. La pauvreté qui est ici la sienne n’est pas un choix, elle lui est imposée. Or, par lui, la Bonne nouvelle sera annoncée aux pauvres… Jésus a aimé ceux et celles qui étaient sa propre chair. Il continue par son Église à qui il montre sa tendresse. « Je t’ai aimé » (en latin : Dilexi te) sont les premiers mots de la Lettre apostolique du pape Léon XIV parue en octobre. Ils viennent du Christ Vivant s’adressant à une fragile communauté d’Asie Mineure (Apocalypse 3, 9). Or les derniers mots de la Lettre sont les mêmes : « je t’ai aimé ». Mais, cette fois ci, le destinataire n’est plus collectif (la communauté) mais individuel. C’est un pauvre d’aujourd’hui dont un chrétien prend soin. Ce chrétien a reconnu en lui sa propre chair, « une chair souffrante », adoptant l’attitude du Bon Samaritain. C’est ainsi que le pauvre, reconnu dans sa dignité, peut entendre qu’il est aimé du Christ. Notre attitude de chrétiens est double : individuelle et collective. Dans la lettre, l’attitude individuelle s’appelle « aumône », mot hélas entouré de condescendance alors qu’il exprime, en un geste singulier, le déploiement ecclésial de la charité. Déploiement ? Le pape parle de « lutte pour changer les structures sociales injustes ». Il énumère longuement les initiatives qui, au cours de l’histoire, ont grandi en ordres religieux, mouvements ou institutions. Elles trouvent leur force dans l’Évangile et révèlent leur dignité aux malades, aux laissés pour compte, aux enfants à éduquer, aux migrants. Depuis quelques semaines, notre paroisse met en place des « Vigies de la solitude ». Il existe déjà sur l’île des initiatives individuelles, des visites, des services communaux ou bien des mouvements actifs tels le Secours Catholique. Tant mieux ! Sans s’y substituer, c’est du devoir de la paroisse, avec sa fragilité, de leur offrir de se ressourcer et à la charité de l’Église de s’élargir. Notre paroisse a ses faiblesses ; sa force est dans l’Évangile. Qu’elle s’approche donc des personnes isolées – et qui n’ont pas choisi de l’être. Qu’elle leur fasse de la place. Gérard Billon, curé |





