Paroisse Saint-Philbert-en-Noirmoutier
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Mgr de Dinechin

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28e dimanche ordinaire. « Va, ta foi t’a sauvé »

Devant le malheur, les différences sociales et ethniques s’effacent. Parmi les lépreux, il y a des juifs et un samaritain. Tous égaux parce que malheureux. Dix ont été guéris, un seul est retourné sur ses pas. L’histoire est trop belle. C’est le samaritain, l’étranger, l’exclus, qui revient sur ses pas. Et parce qu’il remercie, il s’entend dire : « Ta foi t’a sauvé ».

Ta foi ? Tous pensaient que Jésus pouvait les guérir (à cause de sa réputation de médecin ?). Un seul, ayant fait l’expérience de la guérison, a cru en Jésus.

Croire ! Nous apprenons ici qu’ayant bénéficié d’un bien, un bonheur, l’étranger met désormais sa confiance, son avenir, son destin en Jésus. Ayant découvert la bonté de Dieu en Jésus, il sera lui aussi créateur de vie. Il voit l’avenir avec foi.

Les neuf personnes qui ont retrouvé leur vie sociale sont heureux, espérons-le. Ils retrouvent leur vie d’avant. Mais qu’est-ce qui a changé au fond ? Dans la merveille de la guérison, ils n’ont pas reconnu l’action de Dieu, ils n’ont pas accueilli sa bonté. Le sens de leur vie, leur avenir, ne changera pas. Ils ont eu un cadeau – qui reste cadeau – celui-ci n’a pas faire naître la foi.

D’un bonheur, le samaritain et passé à un autre. Du bonheur d’avoir une vie neuve, il passe à un autre bonheur : vie ré-orientée. Il revient sur ses pas par amour et pour répondre à l’amour.

De cette histoire, deux conclusions.

Nous faisons, je l’espère, l’expérience de la bonté de Dieu, de sa présence, de son intervention. Dieu, discret, sans spectaculaire, intervient dans nos vies, parfois de manière très concrète. Alors, première conclusion, « revenons sur nos pas », prenons le temps de voir d’où nous venons (ce que nous étions) et ce que nous sommes devenus. Comment Dieu nous a-t-il transformé ? Par quelle rencontre, telle parole, tel échange ? Revenons sur nos pas pour lui « merci » et redoubler de foi en l’avenir.

La seconde conclusion concerne nos rassemblements du dimanche. Nous sommes encore quelques-uns à prendre le chemin d’une église pour louer le Seigneur de ses bienfaits à notre égard, à l’égard de l’Église ou – plus difficile à discerner – à l’égard du monde. Venir ici n’est pas une obligation. On peut très bien vivre sans ce rendez-vous hebdomadaire. Pourtant, il pourrait ouvrir l’avenir, le nôtre, de celui de l’Église, celui des plus pauvres ou des plus isolés. Vivons-le. Avec foi. (Gérard Billon)

 

 

27e dimanche ordinaire. « Augmente en nous la foi ! »

« Augmente en nous la foi. » J’entends ces mots des disciples  comme un soupir de fatigue. Devant les difficultés de la vie, « il faut y croire » !

Allez mes amis, on se secoue, semble dire Jésus ! La foi, les disciples en ont au moins un peu. Peut-être que « y croire », c‘est comme aimer : « je t’aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie… » « Je crois un peu, beaucoup, passionnément, à la folie… » Aimer à la folie, croire à la folie peut réaliser l’impossible – comme déraciner un arbre et le jeter dans la mer (ce qui est une drôle d’idée et Idéfix, le petit chien d’Obélix, n’aimerait pas du tout) ! Avec cette image un peu bizarre Jésus nous dit peut-être que l’amour demande en nous de croire à nos capacités : croyons-nous un peu en nous ou beaucoup, passionnément… ou pas du tout ?

Dieu croit en nous, lui ! Il a réalisé, pour nous, l’impossible : comment est-il possible que Dieu (qui peut tout) ait donné sa vie pour nous ouvrir le chemin de la vie ! Ce chemin sur lequel, vous la maman, vous acceptez d’engager Raphaël, ce chemin que les enfants commencent à suivre grâce à l’amour de leurs parents et grâce au caté, ce chemin sur lequel, nous adultes, nous trainons parfois les pieds.

Sur ce chemin, nous traînons les pieds parce que nous n’en voyons pas le bout, parce que sommes fatigués. Ou bien, nous pensons que ceux et celles lesquels pour nous travaillons ne reconnaissent pas nos efforts. Alors, Jésus prend l’image, cette-fois très quotidienne – quotidienne comme notre vie, comme les jours qui passent – du travail ordinaire.

Mais, à y réfléchir, le serviteur qui travaille et ne se met à table qu’une fois le repas préparé, ce n’est pas nous. C’est Jésus. C’est lui qui trime et, dès aujourd’hui, il s’est mis en tenue de service, il nous donne à boire – c’est sa parole d’encouragement – et il nous donner à manger : c’est l’eucharistie. Jésus nous aime passionnément, à la folie. Il croit en nous passionnément, à la folie.  

Quelle est la pire des tentations, celle qui n’a pas été épargnée à Jésus ? C’est croire que ce que nous faisons ne sert à rien. Or nous écoutons la parole du Christ serviteur dimanche après dimanche. Nous recevons le pain de vie. Nous faisons notre travail, les yeux ouverts sur la misère, sur la guerre ou la solitude, les yeux ouverts sur notre péché.

Jésus ne cesse d’augmenter notre foi et de la rendre aussi lumineuse que l’amour. (Gérard Billon)

 

 

26e dimanche ordinaire : Notre vraie richesse, c’est notre pauvreté

L’histoire est évidemment très tranchée. Trop ? D’un côté le paradis avec Abraham, de l’autre le lieu de la souffrance avec une soif intolérable et infinie. Aller au paradis ou au pays de la soif dépend de nos choix de vie. Soyons donc responsables de nos actes.

Comment le riche de la parabole a-t-il fait son malheur ? En étant un « vautré du confort », servant l’Argent au lieu de Dieu, en faisant du but de ses richesses son seul confort qu’elles étaient un don. Il les a dévorées.

Nos biens et tout ce qui nous permet de vivre à l’abri du besoin sont le fruit de nos efforts mais aussi un cadeau, un don. Prenons le peuple d’Israël libéré d’Égypte. Dieu lui a promis un pays, une sorte de paradis sur terre pour cette communauté humaine. Terre et communauté à respecter. Le prophète Amos le souligne à la « bande de vautrés » qui s’empiffrent au lieu de partager et de faire le bonheur d’autres qui ont moins de compétences qu’eux. Ils avaient la capacité de gérer la terre, économiquement, politiquement, pour le bien de tous – tant mieux ! On les appelle des « riches ». D’autres sont peinent à la gérer, cette terre – on les appelle des « pauvres ». Notre terre et notre société demandent à être plus humaine. Tous, nous avons des capacités. J’admire ces ateliers où des artisans retraités échangent et transmettent leurs compétences à de plus jeunes.

Ici, notre richesse ne se gaspille pas. Nous sommes à la fois riches et pauvres. Notre richesse inversée est de savoir que l’entrée dans le Royaume de Dieu n’est pas au bout de nos efforts, ni même de nos mérites – le pauvre Lazare n’a pas d’autre mérite que d’être l’objet de la tendresse de Dieu après avoir été l’objet du mépris de ses frères humains. Puissions-nous ouvrir les yeux sur un monde autre, « justice et paix ».

Notre pauvreté inversée est d’éprouver nos limites, nos difficultés à inscrire le Royaume de Dieu dans la réalité. Et c’est peut-être cette pauvreté qui nous ouvre le paradis.

Nous sommes riches parce que, disciples du Christ, rien de ce qui est humain ne nous est indifférent. Notre intérêt se porte sur les ukrainiens, les gazaouis, ceux et celles qui sont souffrent de la solitude aussi bien que sur les débats sur la fin de vie. Et nous nous sentons pauvres…

L’homme riche avec ses vêtements de luxe et ses banquets somptueux avait une vie appauvrie d’une pauvreté qui mal aux autres : au contraire de ses chiens, il ne s’est jamais approché du pauvre devant sa porte et voir en lui un frère donné par Dieu. L’abîme entre lui et le pauvre Lazare dont il s’étonne c’est lui qui l’a creusé, jour après jour.

Pour nous, la vérité de notre vie se dévoile aujourd’hui. Nous avons « Moïse et les prophètes », la Parole de Dieu issue d’une longue tradition et qui se cristallise en Jésus le Christ. Écoutée, étudiée, partagée, priée, elle balaye de sa lumière les coins sombres de nos attitudes et de nos existences. Elle invite à ouvrir les yeux, les mains, le cœur. Et à réduire l’abîme qui sépare les humains, qui nous sépare de Dieu. (Gérard Billon)

 

24e dimanche. La Croix glorieuse

C’est une histoire étrange que celle du serpent de bronze. Même sans tout comprendre, nous devinons qu’il est question de mort et de vie.

La mort de ceux et celles qui ont récriminé contre Dieu. Récriminer : protester, se plaindre… Pourquoi ? À cause d’un profond découragement. Marre de cette existence, marre de la monotonie des jours, d’un monde qui ne change pas, oubli de notre identité de personnes libres, pensée tenace que nous avançons sans espérance. Il faut un coupable. Ce sera Dieu. En brisant les chaînes de l’esclavage, il nous a chargé du poids de la liberté et de la responsabilité de nos vies et de nos sociétés – ce qui, à la longue, est fatigant. Les petits serpents venimeux sont, me semble-t-il, l’image de cette vérité : en jugeant la liberté et la responsabilité trop lourdes à porter, et puisque nous nous pensons que tout va de mal en pis, nous nous trompons de coupable. En dénigrant la liberté et la responsabilité, nous allons vers la mort. Ça nous mord, çà nous tue. On appelle cela « péché ».

Alors Dieu va retourner l’image du serpent mortel comme on retourne un gant, une chemise ou un pantalon. Il va en faire une image de la vie, la vraie vie, la vie éternelle. Il nous faudrait aller jusqu’au bout du découragement et frôler la mort pour nous rendre compte que le sens de nos existences – personnelles et sociales – se joue dans la liberté et la responsabilité lesquelles nous guérisse et nous tire vers le haut.

Jésus se sert de cette histoire pour nous livrer le sens de sa propre mort. En s’immergeant dans notre humanité qui se proteste et se plaint, il prend sur lui nos handicaps, il affronte les serpents du découragement et des manques d’espérance. Il les recueille et les offre à notre vue sur la croix : et la réalité de la mort est retourné en vie éternelle . Le découragement est retourné en courage – la lettre aux Philippiens dit « obéissance », c’est-à-dire écoute et confiance. Le manque d’espérance est retourné en trouée vers l’avenir. Au dernier jour, Christ viendra comme il est venu, sans qu’on le devine. Il viendra pour guérir les cœurs qui, ce jour-là, seront encore brisés. Le retournement du découragement en confiance, le retournement de la désespérance en attente joyeuse sont notre salut. Dès à présent, la liberté n’est plus un poids et la responsabilité est une fatigue qui nous rend heureux. Les petits serpents venimeux peuvent nous mordre, ils ne peuvent plus nous tuer. Ils s’agitent à ras de terre, mais en levant les yeux vers la croix nous savons, par la foi, que ce sont eux qui meurent. Le crucifié, lui, est vivant ! (Gérard Billon)