Paroisse Saint-Philbert-en-Noirmoutier
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Histoire du choeur de l’église saint-Philbert

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Évolution des autels à l’église St-Philbert de Noirmoutier

L’aménagement liturgique des églises est lié à leur époque, esthétiquement et théologiquement. À Noirmoutier, depuis la fin du XVIIIe siècle, 6 ou 7 autels se sont succédé. Une partie de l’ histoire a été retracée dans plusieurs numéros du bulletin paroissial L’écho de Saint-Philbert, en 1902 et 1909. Nous la reprenons et la continuons ici.

Autel n°1 ?

Dans l’église Saint-Philbert, la plus ancienne mention d’un autel remonte à 1764, sous Louis XV. L’évêque de Luçon, en visite pastorale, demande en effet à remplacer l’autel, jugé vétuste, par un autre à la romaine (c‘est-à-dire un autel-tombeau en pierre ou en bois ; en peut en déduire que ce n’était pas le cas auparavant). La demande est réitérée en 1773. On ignore si elle a été suivie d’effet.

Autel n° 2

Sous la Révolution, l’église sert de prison puis de salle de réunion et de grange à fourrage. Elle est rendue au culte en 1803. Le maître-autel est-il alors celui dont il est question en 1773 ? Nous savons seulement qu’en avril 1834, sous la Monarchie de Juillet, le Conseil de Fabrique de la paroisse estime qu’il est en très mauvais état et décide l’achat d’un autel principal en marbre.

L’avant-chœur de l’église est modifié, deux escaliers de marbre remplacent le monumental escalier de pierre qui existait auparavant. L’autel est flanqué de deux anges adorateurs en bois sculpté. En avant de l’autel, sont posées des terrasses en marbre et deux vases Médicis. L’ensemble est consacré en 1842.

Tout ceci est visible sur cette aquarelle d’Ambroise Baudry  (1889). Notons le tabernacle richement décoré, le tableau espagnol dédié à St Maur sur le pilier de gauche, et, dans l’abside lambrissée, les statues en bois de sainte Cécile et du roi David sculptées par l’artiste nantais Henri-Hamilton Barrême, à qui l’on doit aussi, dans la nef, un grand crucifix. À droite, la chaire. Au milieu, une lampe suspendue. S’il y un bateau ex-voto, on ne le voit pas. L’abbé Léon Jaud, curé, va modifier cette disposition en 1909.

 

Autel n°3

Dans l’église, il avait fait installer des vitraux consacrés à saint Philbert, fabriqués par le nantais Georges Robin. Ils sont toujours en place. Une généreuse donatrice, Marie Lemonnier, avait financé une sainte table en 1907. Deux ans plus tard, elle finance la réalisation d’un nouveau maître-autel « en harmonie avec l’ensemble de l’édifice ». L’effet recherché est celui d’un retour à la simplicité des XIe et XIIe siècles dont témoignent la nef et l’abside. Le roman – ou néo-roman alors en vogue – est préféré au baroque des retables latéraux.

« Le 19 mai, veille de l’Ascension, au lendemain de la confirmation donnée par Monseigneur l’évêque, une belle cérémonie liturgique réunissait dans son église la paroisse de Noirmoutier : c’était la consécration du nouveau maître-autel.

L’ancien autel grec, avec son péristyle de marbre, était certainement très beau ; son tabernacle surtout était d’un goût très artistique. Aussi l’a-t-on gardé comme un souvenir et placé au fond du chœur ; il ne datait que de 1842.

Aujourd’hui, le granit breton a remplacé le marbre ; un bel autel artistique, style roman, XIe siècle, s’élève au-dessus de la crypte et du cénotaphe de saint Filibert ; il est surmonté d’un retable aux fines sculptures serties dans l’or, et au-dessus du tabernacle, orné et austère en même temps, s’élève un ciborium remarquable par le détail de ses lignes et de ses ciselures. Le péristyle de marbre, d’un effet peu religieux, a cédé la place à un magnifique péristyle de granit, style XIe siècle ; les arcs de la balustrade reposent sur de fines colonnettes géminées ; les deux anciens escaliers ont disparu, et un vaste escalier central donne accès au chœur. Au sommet de ses rampes, deux petits édicules romans portés par des colonnettes légères renferment les statues de saint Hilaire et de saint Filibert » (Écho de Saint-Philbert n° 151, juillet 1909).

Sur la photo ci-contre (avant 1956) on remarque les statues du Sacré Cœur et de Notre-Dame de Lourdes, (consacrées en décembre 1909). La lampe suspendue a disparu. Sont présents mais non visibles, la chaire à droite et le bateau ex-voto suspendu à la voûte.

 

Autel n°4

À partir de 1956 et jusqu’en 1959, d’importants travaux de consolidation de l’édifice sont entrepris dont la reprise en sous-œuvre des piliers du clocher avec ossature en béton. Sur la photo ci-dessous, une immense tenture cache le chantier. Un autel provisoire est édifié en avant du chœur sur une estrade en sapin. La sainte table et la chaire ont disparu. Des projets de transformation de l’autel de 1909 sont alors envisagés par l’abbé Gabriel Baty, curé, mais ils n’aboutissent pas.

 

 

Autel n°5

Dans la suite du renouveau liturgique qui suit le Concile Vatican II, le chœur est modifié. Les statues du Sacré-Cœur et de Notre-Dame de Lourdes sont déplacées. Pour mieux permettre la participation des fidèles qui sont rassemblés autour du Christ, un podium à degrés s’avance à la croisée des transepts, recouvert d’une moquette. Y prennent place un autel moderne blanc, en bois, et un ambon en fer forgé (à droite). Le tabernacle de 1842 et les lambris n’existent plus ; à leur place, on a installé en 1963 l’orgue à tuyaux qui se trouvait à la tribune. Par la suite, l’orgue sera déplacé dans la nef sud avant d’être vendu. Actuellement, à la tribune, se trouve un orgue électronique Allen de 1998. Quant au bateau, il sera descendu en 1999, restauré et installé sous une vitrine à l’entrée de l’église. Don de la famille Jacobsen, il s’agit d’un vaisseau « de troisième rang » à plus de 50 canons, sans doute du XVIIIe siècle, réparé en 1802.

 

 

Autel n° 6

En 1987, l’espace liturgique est repensé : la moquette est changée et l’autel, « provisoire et guère signifiant », est remplacé par un autel-tombeau du XIXe siècle. Celui-ci provient de la chapelle des Ursulines de Chavagnes qui l’ont offert à la paroisse lorsque leur école a fermé. En bois, il fait écho aux retables latéraux mais, malheureusement, sa face arrière a été conçue comme placard de rangement. Un nouvel ambon est forgé, serti d’une belle image en laiton du Bon Berger (ancienne porte de tabernacle). L’ancien ambon devient pupitre de l’animateur. L’ensemble est consacré à Pâques 1988. Chaque élément a de la valeur en lui-même mais l’ensemble est néanmoins hétéroclite. En 2012, la moquette qui a mal vieilli sera ôtée et le podium rénové en parquet de chêne. 

 

 

Vers un nouvel autel ?

En 2018, le projet de supprimer le podium et de remonter un autel dans une forme nouvelle en pierre devant le tabernacle n’aboutit pas.

Un autre projet naît en 2022-23. Objectif : valoriser l’autel, l’ambon et le siège du président sur le podium actuel rénové. L’unité esthétique, sobre, est constituée de volumes et de lignes verticales en accord avec la nef centrale et l’abside – avec des formes différentes, c’est le même esprit qu’en 1909. Le dessin, les matériaux, la couleur, veulent renvoyer discrètement à la singularité de l’île : mer, sel et saint Philbert abbé.

Par ailleurs, un espace pour les messes de semaine en hiver sera aménagé au fond de l’abside. L’ambon actuel avec l’image du Bon Pasteur y sera réutilisé.

 

Gérard Billon, curé

et François Chevillotte, archiviste.

Sources : Archives de la paroisseV3/fc. Photos : (1) Amis de Noirmoutier, (2) (4) M. Luc Jeanneau, (3) (5) (6) Paroisse.